Faut-il béatifier des hommes politiques? Publiés par Nicole
Lemaître, les Actes du colloque Un chrétien dans la vie politique
(Collège des Bernardins, Paris, 2011) consacré à Edmond Michelet
(1899-1970) reproduisent les interventions d'une vingtaine
d'historiens. Elles présentent diverses facettes
'recontextualisées' de la personnalité et de l'action d'E.
Michelet, autodidacte, résistant, déporté, parlementaire, ministre,
gaulliste historique, chrétien officiellement béatifiable. Une
première partie évoque son 'péguysme' (l'articulation entre
spirituel et temporel), sa position face à l'Action française et au
Sillon; son activité au sein des Équipes sociales (son amitié pour
le pétainiste Garric, leurs itinéraires communs et leurs
trajectoires divergentes) et des associations de déportés (il est
président-fondateur de l'Amicale de Dachau). Une seconde partie
concerne le ministre: Ministre des Armées et de la réconciliation
des armées françaises; Michelet et de Gaulle sous la Quatrième
République; De l'Algérie française à l'Algérie des deux peuples
(1955-1958)… La dernière partie traite de la réconciliation: armée
et résistance; France et Algérie; monarchie et ve République;
France et Allemagne… Ni progressiste, ni intégriste, Michelet a
cherché à réconcilier gaullisme et Église post-conciliaire. Garde
des sceaux à l'heure de la guerre d'Algérie, mais non juriste,
considéré comme atypique et inadapté, il a rétabli, en 1960, la
peine de mort en matière politique, abolie depuis 112 ans. Il n'a
pas eu à l'égard de Ch. de Gaulle le rôle de modérateur que
certains souhaitaient. Relevons une analyse détaillée de son Contre
la guerre civile, arbitrant le débat entre Raymond Aron et Jacques
Soustelle. Bien des questions demeurent en suspens; de nombreuses
archives restent à exploiter. À lire. - PGD