L'Institut catholique de Paris a organisé du 13 au 15 mars 2008 un
colloque «Eschatologie et morale»; l'ouvrage que nous recensons a
été élaboré à partir des contributions de divers auteurs: exégètes,
moralistes, théologiens. En offrant une réflexion sur
l'articulation entre eschatologie et morale, ces auteurs ont
conscience de coopérer à la conscience que l'Église a d'elle-même
comme à la manière dont elle envisage la pertinence de son action
et de ses prises de position dans la société. Les contributions
offertes par 12 auteurs sont de qualité; nous nous limiterons à
évoquer quelques lignes de la réflexion de Jean-François Chiron sur
«Église et eschatologie». Jetant tout d'abord un regard sur
l'histoire, il remarque que, dans l'ecclésiologie des Pères et du
haut Moyen Âge, l'Église terrestre est envisagée en fonction de
l'Église céleste, «au risque de ramener la première à la seconde»;
on en vient ensuite à réduire l'Église céleste à l'Église terrestre
(appelée alors «militante»). Grâce notamment à l'apport des
représentants des Églises orientales, Vatican II reliera les
dimensions eschatologique et pneumatologique, les associant en même
temps au Règne de Dieu. «Les temps derniers dans lesquels nous
vivons sont ceux dans lesquels le Christ ressuscité est présent
dans le monde par son Esprit. Temps commencés avec la résurrection
du Christ. Le Règne de Dieu est dès lors parmi nous de façon
radicale. Jam ac nondum: déjà, car nous sommes enfants de Dieu; pas
encore, parce que la gloire des enfants de Dieu n'est pas encore
manifestée. C'est le mystère du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est
le royaume de Dieu qui nous est déjà donné. Il est aussi l'attente
de la Parousie du Seigneur. De même l'Église pèlerine est
eschatologique parce que le Saint-Esprit la vivifie. Notre vocation
est eschatologique dès lors que nous avons reçu le Saint-Esprit.
D'où les conséquences, notamment sur la mission: les derniers temps
sont ceux de l'Esprit Saint et de la mission; et sur les
sacrements: ils contiennent les biens messianiques des derniers
temps.» (p. 27) - S. Decloux sj.