L'A., grand spécialiste de Paul, veut offrir un travail à
l'écriture dynamique et nerveuse. Telle est peut-être la première
qualité de cet essai. Sans sacrifier à la précision, l'A. ne donne
aucune indication superflue. À chaque étape de son raisonnement, il
synthétise sa pensée dans une conclusion dense. Après un premier
chapitre consacré au vocable ecclesia chez Paul, l'A. parcourt les
principaux passages tant des proto que des deutero-pauliniennes.
Loin de se borner aux péricopes strictement ecclésiologiques, il
entend aussi étudier certains lieux dont la «formulation ambiguë
demande qu'on s'interroge sur leur référent, christologique ou
ecclésiologique» (p. 25). Une autre immense qualité de ce travail
est que chaque passage fait l'objet d'un traitement spécifique en
fonction de sa situation, des difficultés exégétiques rencontrées
et des enjeux ecclésiologiques que la lecture laisse
transparaître.Un des apports magistraux du P. Aletti est peut-être
sa lecture rhétorique et la prise en compte du cadre épistolaire.
Ainsi, au chapitre 3, l'A. met-il en évidence l'importance
primordiale de la filiation et des images familiales pour
l'ecclésiologie du «peuple». Ensuite, l'A. étudie la métaphore du
corps dans son rapport avec la tête, en Col. et Eph. Là encore, sa
précision lui permet d'évaluer l'origine et la portée du vocable
«tête» référé au Christ et à l'Église. Même si l'ecclésiologie de
Paul ne se réduit pas à la métaphore tête/corps, l'A. montre bien
comment ce binôme rend compte de l'unité et de l'évolution de la
pensée de l'Apôtre. Cet ouvrage est certainement une référence sur
l'ecclésiologie paulinienne. - G. de Longcamp csj