Geneviève de Gaulle Anthonioz. L'autre de Gaulle

Fr. Neau-Dufour
Biographies - reviewer : Bernard Joassart s.j.
L'A. éprouve incontestablement une profonde sympathie pour celle qui est l'objet de cette biographie. Et le lecteur trouvera sans doute que de temps à autres Fr. N.-D. s'est laissée quelque peu emporter par cette admiration, adoptant un ton qui rappelle certaines formes d'une hagiographie surannée. Mais n'oublions jamais que la sympathie est une condition indispensable pour un bon travail historique. Et à coup sûr, ce sentiment a permis à l'A. de nous faire découvrir une grande dame à qui l'antique maxime «rien d'humain ne m'est étranger» peut sans hésitation aucune être appliquée, ou plus exactement qui fut pleinement vécue par elle.
L'existence de Geneviève de Gaulle aurait pu être un long fleuve tranquille; elle naquit dans une famille relativement aisée, à laquelle, de prime abord, les difficultés auraient dû être épargnées. Mais très tôt, les épreuves surgirent, à commencer par le décès prématuré de la mère, alors que G. était encore très jeune. La Seconde guerre mondiale sera une nouvelle épreuve: entrée dans la résistance à la suite de son oncle, G. de G.A. connaîtra la déportation dans le camp de Ravensbrück avec tout son cortège d'horreurs. Cela ne la précipitera nullement dans la désespérance en l'humanité. Bien au contraire: animée d'une foi simple mais profonde, cela l'amènera à se redresser, non seulement pour elle-même, mais aussi pour tous ses frères en humanité les plus faibles, comme en témoigne, après la guerre, son implication au plus haut niveau dans le mouvement ATD aux côtés de Joseph Wresinski, tout en étant très proche, grâce à son mariage avec Bernard Anthonioz, d'une sphère bien différente qu'est le monde de la culture.
Finalement, ce qui retient le plus l'attention, c'est la réconciliation opérée par G. de G.A. des contrastes les plus marquants de l'existence humaines: elle surmonta les extrêmes de la souffrance en affirmant et en vivant ce qu'il y a de plus beau et de plus achevé dans l'homme. Et, chose tout aussi remarquable: ses combats pour les plus délaissés de notre monde ne furent jamais conçus par elle comme si elle avait à se faire pardonner on ne sait quel privilège (ses origines, ou encore le fait d'avoir échappé à la mort des camps); jusqu'au bout, elle resta fidèle à son milieu, à son histoire, mais voulut que tous puissent accéder à ce qu'il y a de meilleur en l'homme et pour l'homme. - B. Joassart, S.J.

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