La réflexion de Martijn Pouw part d’un questionnement personnel. Prêtre catholique, originaire des Pays-Bas, nation majoritairement protestante, il ne s’était que peu intéressé aux fondements théologiques de la confession de ses camarades de classe. Devenu juriste et prêtre, il décide de se plonger dans cette question œcuménique centrale qu’est la vision du sacerdoce commun de Luther, Calvin et de l’Église catholique.

De cette expérience de vie, il gardera le souci d’ancrer la théologie des réformateurs dans le contexte historique, personnel et politique, ce qui est tout à fait pertinent. On regrette cependant qu’il ne fasse que peu de cas des présupposés philosophiques de la théologie luthérienne qui éclairent pourtant largement certains enjeux ecclésiologiques.

La présentation de la réflexion est simple et s’articule en trois chap. : Luther, Calvin et la perspective catholique. Le style est léger et facile à lire. L’A. a eu le souci de réellement se plonger dans les textes de ces théologiens, même si l’on perçoit qu’il y reste toujours un peu extérieur avec une distance critique (ce dont il ne s’est d’ailleurs pas caché dès l’introd.). Toujours est-il que cela permet un accès honnête à la pensée des réformateurs.

Étrangement, le chapitre le plus décevant est celui consacré à la théologie catholique ! Il s’ouvre sur un certain nombre de réflexions personnelles qui, pour justes qu’elles soient, sont beaucoup trop peu fondées théologiquement. On ne trouve pratiquement pas, dans les premières pages de ce chap., de notes de bas de pages.

Cette dernière partie manque, en fait, de rigueur. Puisque l’A. s’est attaché à la pensée des réformateurs, il aurait fallu qu’il présente la 1^re réponse de l’Église catholique au concile de Trente avant de montrer comment la véritable réponse au protestantisme est donnée par Vatican ii. Faute de rigueur argumentative, les considérations présentées dans ce dernier chap., même si elles sont justes, manquent leur cible et c’est très dommage.

Toujours est-il que ce travail est une aide pour comprendre la pensée des réformateurs et un appel à déployer la théologie catholique du sacerdoce baptismal et des ministères, ce qui est une urgence pour l’Église d’aujourd’hui. — G. L.