Régulièrement, les éditeurs s’avisent de présenter un digest de l’histoire de la philosophie occidentale. Entreprise utile, mais risquée. Utile, parce que, à un grand public cultivé menacé d’amnésie, elle donne accès à une histoire longue couvrant 26 siècles. Ici, des présocratiques à Foucault, le collectif privilégie la galerie de portraits, la contextualisation étant censément apportée par la brève biographie ouvrant chaque chapitre. Les exposés thématiques sont pédagogiques, privilégiant l’explication sur la citation. Se refusant à être seulement documentaires et aspirant à donner à penser pour aujourd’hui, ils s’achèvent par une mise en perspective actuelle.

L’entreprise n’est toutefois pas dénuée de risques. Voire, partiale. Parité oblige, le même espace est dévolu à chaque philosophe, de sorte que, p. ex., Machiavel est équiparé à Hegel ! Tropisme actuel pour la philosophie pratique oblige aussi, ce sont les philosophes de l’éthique et de la politique qui se taillent la part du lion (plus de la moitié des noms). Certes, les choix d’auteurs comportent toujours une part d’arbitraire (pourquoi Sextus Empiricus plus que Plotin ? pourquoi Freud, qui d’ailleurs ne se voulait pas philosophe, plus que Kierkegaard ?). Mais l’impasse sur la totalité du Moyen-Âge, même pas justifiée, elle, relève de l’idéologie. Celle-ci se retrouve, p. ex., dans l’exposé des penseurs antiques dont les développements sur le divin, dont on sait l’importance, sont presque systématiquement passés sous silence. — P. Ide