À l'occasion d'une exposition de tableaux consacrés au Décalogue, à
l'université catholique de Leuven-Louvain en 2006, dix
conférenciers flamands et néerlandais ont proposé une exégèse des
«dix paroles», respectueuse tant de leur contexte historique
vétérotestamentaire que de la postmodernité pluraliste de leurs
auditeurs. Qu'en retenons-nous? Le décalogue n'affirme pas le
monothéisme. Il ne justifie pas l'iconoclasme. Le Christ a
préconisé le retour à l'intention originelle du repos hebdomadaire
pour toute l'humanité. L'observance du sabbat et le précepte de la
piété filiale sont les deux seuls commandements «positifs». Les
huit autres, négatifs, exprimés à l'indicatif (tu ne tueras pas, tu
ne voleras pas) plutôt qu'à l'impératif (ne tue pas, ne vole pas),
peuvent être avantageusement traduits à la première personne: je
veux vivre, j'ai assez. Le sixième commandement, selon
l'interprétation donnée par A. Chouraqui au mot na'af, concerne non
pas le sexe mais toutes sortes de tromperie et de duplicité. Le
mensonge, que Dieu semble parfois approuver, est présenté comme un
moyen de survie pour les plus pauvres. Le commandement qui condamne
le jeune voleur condamne d'abord la société dont il est victime.
Les catholiques et les luthériens considèrent le dernier
commandement comme deux préceptes distincts: tu ne convoiteras
(chamad) pas la femme de ton voisin; tu ne désireras (awa) pas sa
maisonnée… ainsi s'exprime Dt 5, plus respectueux de la femme que
ne l'est Ex 20, où la femme est considérée comme faisant partie
d'une bayt comprenant femme, esclaves et animaux. L'ouvrage est
illustré de la reproduction, sans commentaires, des tableaux de
Dora van de Loo. - P. Detienne