Le commentaire débute après plus de cinquante pages de bibliographie globale, puis par chapitre. Il se divise en quatre grands ensembles, suivant la répartition classique: 1-12; 13-27; 28-35; 36-39. Sa méthode combine diachronie et synchronie afin de déterminer l'organisation interne des péricopes et d'en faire percevoir l'organicité. L'explication est sobre et précise, attentive à l'histoire, à la facture littéraire du texte et à la théologie mise en oeuvre. Pas de notes en bas de page mais, en plein texte, des références fréquentes à des ouvrages de chercheurs. On est frappé à la fois par la profondeur de la réflexion, l'ampleur de l'information et la régularité paisible du commentaire. L'A. parcourt l'ensemble du «livre de l'Emmanuel» (chap. 1 à 12), en passant rapidement sur des questions comme la vocation du prophète face à l'endurcissement du peuple ou l'identification de l'Emmanuel. Il passe ensuite aux chap. 13 à 27 comprenant les «oracles contre les nations», datant d'époques diverses; ici encore, l'explication est rapide, avec des parallèles d'autres prophètes, et la question de la «conversion des peuples étrangers» (chap. 19-20) est fort brièvement traitée. Vient alors la fresque du «banquet eschatologique» (chap. 24-27) amenant à réfléchir sur le destin de la Ville sainte et du peuple de Dieu. L'A. approfondit alors les chap. 28-35 avec les lamentations, l'oracle sur Ariel, la destruction d'Édom et la restauration de Juda. Enfin, le passage historique des chap. 36-39 est replacé dans son cadre et sa signification au terme du «Premier Isaïe» est dégagée. Aucune conclusion d'ordre théologique ne vient couronner ce premier tome.
Le commentaire reprend suivant le même schéma dans le deuxième volume: une traduction élégante et précise des 16 chapitres, avec une introduction spéciale au statut de ces oracles comme partie intégrante du livre d'Isaïe, les caractéristiques littéraires, la formation du livre, l'histoire de l'interprétation et la théologie qui y est développée, spécialement concernant le «serviteur» et les «serviteurs» de Yhwh. Quarante-cinq pages de bibliographie précèdent le commentaire, substantiel et nuancé, avec des titres accrocheurs. Pas de subdivision du texte isaïen, mais l'explication se déroule, péricope par péricope, avec une attention particulière à la figure polymorphe du «serviteur» et au personnage féminin de Sion-Jérusalem, finalement jumelés en Is 53-54. Comme pour le premier volume, un double index des matières et des références clôture le second. Professeurs et étudiants en théologie se feront une joie de consulter les introductions et le commentaire que nous offre l'A., maître en sciences bibliques et fin connaisseur d'Isaïe. Nous espérons que le troisième volume verra bientôt le jour. - J. Radermakers, S.J.