Jesuitenerbe in Peking.Sakralbauten und transkulturelle Räume, 1600-1800

Liangming Wang
History - reviewer : Jacques Scheuer s.j.

Venus de plusieurs nations européennes, des missionnaires jésuites construisirent aux xviie et xviiie s. trois églises et résidences dans la capitale chinoise. Fruit d’un travail doctoral à Heidelberg, cette étude ne se limite pas à l’histoire des styles ou des conceptions esthétiques. Elle s’attache à déchiffrer ce que ces réalisations matérielles nous disent des intentions de leurs auteurs et surtout la manière dont elles ont été perçues et reçues par les visiteurs chinois, notamment les lettrés et la cour impériale. Un premier chapitre retrace l’histoire des projets de construction : terrains, plans, financement. Faisant mentir la légende mise en circulation par les jésuites, L. Wang démontre l’intervention fort limitée de la cour impériale. Il s’attache ensuite à la manière dont ces édifices, privés mais en partie accessibles au public, s’inséraient dans le tissu urbain et donnaient visibilité à la présence européenne et chrétienne. Il analyse le rôle des façades, tours, clochers, carillons, horloges et instruments astronomiques ainsi que des stèles et inscriptions, témoins de la bienveillante protection de l’empereur. Les peintures et images saintes pouvaient offrir un premier aperçu des mystères de la foi ; elles attiraient cependant le public surtout par leur virtuosité technique : perspective et trompe-l’œil. Dans les résidences attenantes, des cabinets de curiosités exposaient toutes sortes d’instruments scientifiques et d’objets provenant de l’Occident.

Ces nouveautés étrangères ne sont pas demeurées confinées dans les résidences des missionnaires. Les artistes jésuites travaillaient en effet d’abord pour la cour. Vers le milieu du xviiie s. surtout, l’architecture, la peinture, les cabinets de curiosités, les collections scientifiques et même les jardins et les fontaines furent adoptés par l’empereur Qianlong (1711-1799) : curiosité, attrait de styles nouveaux mais aussi mise en scène de leur pouvoir et de leur prestige. Alors que les cours européennes s’entichaient de chinoiseries, la dynastie mandchoue se passionnait pour ce qu’un historien de l’art a proposé d’appeler « europeries ». Plus de 200 illustrations (plans, croquis, photos…) sont le complément indispensable de cette étude fouillée et clairement construite. — J. Scheuer s.j.

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