L'Église catholique face aux États. Deux siècles de pratique concordataire 1801-2010
Roland MinnerathHistory - reviewer : Simon Decloux s.j.
La défense de la «liberté de l'Église» par rapport à l'État et aux autres institutions sociales est le fil rouge qui relie ces trois périodes. Il en ressort une remarquable continuité dans l'auto-compréhension de l'Église catholique par rapport aux États, chaque État exigeant le respect de son ordre public interne. Cette continuité se manifeste aussi dans la conscience que l'Église a de son identité face aux systèmes politiques et juridiques avec lesquels elle est en relation. Rares sont les inflexions que le partenaire étatique réussit à imposer à son autodéfinition comme société souveraine dans le domaine qui est le sien.
La notion de souveraineté, expression qui figure souvent dans les concordats de la troisième période, est la qualification la plus exacte des deux contractants. Ce thème, central dans la doctrine des deux sociétés parfaites, est cohérent avec l'État de droit qui reconnaît précisément, comme hors de son domaine de compétence les choix que font les citoyens en matière de religion. Le plus frappant est l'accélération du phénomène concordataire à partir des années 1980. Il concerne maintenant de nombreux États qui n'ont pourtant qu'une faible population catholique. L'histoire des concordats illustre le dualisme des pouvoirs qui a forgé l'Occident depuis la fameuse déclaration du pape Gélase en 496. Les solutions monistes ne favorisent pas la liberté, la solution dualiste lui permet de s'affirmer. Sans le contrepoids de la compétence spirituelle, le pouvoir temporel a toujours eu tendance à envahir tout le champ de l'existence (qu'on pense aujourd'hui à un pays comme la Chine!). Dans leur face-à-face, les autorités spirituelles et étatiques garantissent réciproquement l'espace de liberté religieuse et civile du citoyen.
Cette belle étude a été rédigée par l'évêque de Dijon. - S. Decloux sj