Dans la mouvance de Vatican II, qui présente l'Église comme un sacrement, l'A., prêtre du diocèse de Strasbourg, recourt au concept scolastique d'instrumentalité pour exprimer la manière dont l'Église exerce une véritable efficience à l'égard du salut. Après avoir évoqué la notion analogique de causalité instrumentale tant de l'humanité du Christ que des sacrements du septénaire, il étudie la personnalité de l'Église (le Saint-Esprit est le sujet d'attribution de l'Église au sens de sa cause efficiente principale), la situation du pécheur dans l'Église, l'instrumentalité dans la ligne de l'ordre, de la juridiction et du magistère. Puis il envisage les implications de la théorie de l'instrumentalité dans la conception du rite.
Il appelle à un discernement dans les concepts de créativité, d'adaptation et d'évolution de la liturgie, censée participer à l'éternité de la liturgie céleste. Citant le cardinal Ratzinger (la liturgie dégénérée en show, où l'on essaie de rendre la religion intéressante à l'aide de bêtises à la mode), il est d'avis que la célébration versus populum abolit le christocentrisme de la liturgie et qu'elle referme la communauté sur elle-même. Il loue la loi de l'arcane, l'iconostase (qui dérobe au regard du public la célébration du Saint Sacrifice), le recours à une langue sacrée, le canon récité par le prêtre à voix basse. Relevons l'eurocentrisme de sa présentation du chant grégorien comme langage vivant qui ouvre sur le mystère: sa musique n'atteint pas l'oreille indienne. Un long chapitre concerne la concélébration, sa légitimité, sa signification, ses limites: évitons qu'elle dégénère en party ecclésiastique!
Après avoir défendu la validité toujours actuelle de la formule extra Ecclesiam nulla salus, l'A. propose quelques considérations (nettement inspirées par une étude du Père Bonino op, qui a préfacé son ouvrage) concernant la valeur salvifique des autres religions en tant que telles. Il ne leur concède qu'une causalité dispositive, il rejette tout christocentrisme ou théocentrisme (tel que l'ont proposé de récents théologiens) qui serait autre chose qu'un ecclésiocentrisme inclusif, et il attend, pour clore le débat, une clarification du langage théologique. - P. Detienne sj

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