Dans Optatam totius, le Concile Vatican II a exprimé le
désir d'une rénovation de la théologie morale. C'est à cette
demande conciliaire que ce beau livre de François Gonon veut
apporter une réponse. L'A. le fait en intégrant aussi le souhait de
Dei Verbum - repris dans son titre - «que l'étude de
l'Écriture soit pour la sacrée théologie (et dès lors aussi pour la
théologie morale) comme son âme».Pour s'acquitter de cette tâche,
il s'appuie sur la réflexion particulièrement riche de trois
théologiens. Le premier d'entre eux, le Père Henri de Lubac, en
référence aux quatre sens de l'Écriture, lui apprend à «dégager
formellement les données méthodologiques et les articulations
fondatrices nécessaires à la constitution d'une théologie morale
élaborée en sa forme comme en son contenu à l'intérieur d'un grand
acte d'interprétation de l'Écriture Sainte» (p. 65).Le Père Paul
Beauchamp, bibliste bien connu, à travers l'itinéraire de la loi de
Dieu et de la liberté des hommes, indique comment le Christ
accomplit en sa propre personne cette loi et cette liberté. Ainsi
peut-on déboucher sur une science du Bien et du Mal dans l'histoire
du salut centrée sur l'unique Sauveur, Jésus-Christ. Vient enfin la
prise en considération de la pensée développée par le moraliste de
talent qu'est le Père Jean-Marie Hennaux. Enracinée dans une
profonde réflexion sur l'Alliance, sa doctrine met en particulière
lumière la loi de l'Esprit qui n'est autre que la loi du Christ.
Une morale ainsi fondée fait appel avant tout à «la loi intérieure
de l'amour divin répandu en nos coeurs». Comment ne pas reconnaître
dès lors la proximité de la théologie morale au mystère pascal
célébré dans la liturgie de l'Église? Et, si la théologie morale
fut trop facilement identifiée jadis à une morale d'obligations,
comment ne pas reconnaître ici qu'elle s'oriente de plus en plus
clairement vers une ouverture à l'Esprit? - S. Decloux sj