Comment s'exprimait la foi de l'Église avant les premiers conciles?
L'A. cherche la réponse dans le Contre les hérésies (circa 180), un
ouvrage dans lequel Irénée, évêque de Lyon, disciple de Polycarpe
qui fut lui-même disciple de l'apôtre Jean, dénonce et réfute
divers systèmes gnostiques apparus en son temps. Cet écrit
polémique du «premier théologien de l'époque postapostolique »
s'avère être un véritable exposé de la foi chrétienne: c'est la
contention de la présente étude, proposée sous forme d'un
commentaire du credo des apôtres. Glanons-y quelques bribes. Dieu
crée de ses deux Mains: le Verbe et la Sagesse. L'image de Dieu,
inscrite dans la chair de l'homme, est fragile: Adam est un enfant
qui fait une crise de croissance, et qui pèche plus par
inadvertance que par malice. Irénée ne parle ni de péché originel
ni d'expiation: le grand pécheur, c'est Caïn qui a refusé de
«s'adoucir». L'incarnation est inscrite dans le plan originel: «le
Verbe à cause de son surabondant amour s'est fait cela même que
nous sommes, afin de faire de nous cela même qu'il est». Le
Seigneur a sanctifié tous les âges: il a approché la cinquantaine
(Jn 8, 56-57). Nous sommes des êtres inachevés: la mort ne met pas
fin à notre espérance de progresser. L'Esprit est l'âme de la
communion des saints: comme l'eau est nécessaire à la farine pour
devenir une seule pâte, ainsi nous, qui étions une multitude ne
pouvons devenir «un» dans le Christ Jésus sans l'Eau venue du ciel.
Concluons avec Irénée: «La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant; et
la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu.» - P. Detienne