«Notre propos n'est pas celui de la théologie des fins dernières…».
Dans le présent ouvrage, l'A., frère de la congrégation de Saint
Jean, réagit contre une classe de théologiens contemporains qui,
nous dit-il, tentés par un dangereux fidéisme, traitent de la mort
et de l'au-delà sans offrir suffisamment de réflexion proprement
philosophique… comme si l'affirmation de l'immortalité de l'homme
était réservée à la foi. Il y voit un mépris de l'intelligence de
l'homme capable de Dieu, qui est également un mépris de Dieu, dont
l'homme tient précisément son intelligence. Après avoir relevé,
chez Aristote, l'unité substantielle de l'âme et du corps (qui rend
impossible toute réincarnation), l'A. considère les différents
regards (du biologiste, du psychologue, du philosophe…) portés sur
la mort. Se tournant vers Camus, il présente les trois figures de
l'homme absurde (le Don Juan, le comédien, le conquérant) qui
correspondent aux trois blessures fondamentales de l'homme, que
l'A. retrouve dans l'Écriture (I Jn 2,15-17; Ap 6,3-7). Le problème
est celui-ci: n'ayant pas l'expérience de la mort, jusqu'où la
sagesse philosophique peut-elle aller dans sa recherche face à la
question fondamentale: existe-t-il un au-delà pour l'homme? Suivent
de belles pages sur le lien profond entre amitié, mort et fidélité,
sur le culte des morts, sur les nostalgies qui sont des signes
(sans être des preuves) de l'absolu, sur l'immortalité, état actuel
de notre âme incorruptible, sur le désir naturel de voir Dieu…
débouchant sur la question à laquelle répondra la Révélation: de
quelle Réalité existante le désir d'absolu est-il le
rejaillissement indirect en nous? Style limpide, lecture agréable.
- P. Detienne, S.J.