Fortement marqué par Kant, le p. Henri Bouillard, sj (1908-1981), a
cependant suivi plusieurs «rencontres» décisives dans l'élaboration
de sa pensée. Tout d'abord, Thomas d'Aquin le familiarise avec la
«nouvelle théologie» et le pousse à passer d'une démarche
dogmatique à une approche herméneutique. Maurice Blondel l'amène
ensuite à opérer le tournant anthropologique de la théologie. Puis
Karl Barth le rallie, bien qu'avec de réelles réserves, à sa
position (car «si nous ne connaissons Dieu que par Dieu, c'est nous
qui le connaissons»). Éric Weil l'entraîne à approfondir, à sa
manière, le tournant anthropologique déjà entrepris, en mettant en
avant la double herméneutique de l'existence humaine et du message
évangélique, tout en refusant le recours aux sciences de l'homme en
théologie; enfin, Emmanuel Levinas lui permet de cerner
l'originalité chrétienne de l'incarnation de Dieu en Jésus. Telle
est la manière dont Michel Castro propose différentes étapes de la
pensée, engendrées successivement par la rencontre d'autant de
penseurs. - S. Decloux sj