L'univers n'est pas sourd. Pour un nouveau rapport sciences et foi

Christoph Theobald Saugier B. J. Leroy M. le Maire D. Grésillon
Theology - reviewer : Jean Burton s.j.
Incontestablement nous avons ici une des meilleures contributions à l'étude du rapport «sciences et foi», par son interdisciplinarité (théologie, écologie, physique, biochimie), par sa méthodologie et sa réflexion épistémologique dans l'organisation de ses trois parties qui traitent respectivement, des sciences, de la quête de sens et de la proposition chrétienne. De plus, nous semble innovante la distinction (d'ailleurs aussi typographique) entre deux niveaux d'exposition de l'état des dossiers abordés: ce qui est «généralement admis» et ce qui relève de «la spéculation plus osée» où les scientifiques eux-mêmes questionnent ce qui est admis à l'intérieur de leur démarche. Dans «Ce qui est généralement admis», le questionnement aurait pu être encore plus poussé. Ainsi, aux pages sur l'apparition du langage, une option philosophique sous-tend quelques affirmations qui semblent ignorer l'état de la recherche actuelle: en effet certains primatologues mettent en évidence des comportements estimés «prévaricateurs» chez le chimpanzé.
La deuxième partie, sur la quête de sens, affiche d'emblée son inspiration kantienne, qui permet de «percevoir à quel point l'essor des sciences moderne et l'émergence de la question du sens sont liées» (194). Globalement, les nombreuses questions qui se posent «à l'interne» de la démarche scientifique sont à discerner de celles qui ne sont «pas de l'ordre de la connaissance scientifique» (208). Par exemple, dans le débat classique autonomie et liberté / hasard et nécessité pour ne citer qu'une des pierres de touche permettant de «discerner» le moment où les affirmations imprudentes versent dans la «croyance» ou, tout au moins, relèvent de «décisions d'interprétation toujours plurielles» (316). Onze «témoignages» de scientifiques célèbres sont proposés et analysés de manière critique.
La 3e partie ouvre sur la proposition chrétienne de sens. Dans le concert des «différentes traditions 'spirituelles'» repérées dans les témoignages étudiés, la tradition chrétienne est d'emblée caractérisée dans sa spécificité par la «structure eschatologique du récit biblique de la création». «Une interprétation des modèles scientifiques ne fait pas seulement appel à cette connaissance scientifique elle-même, mais à l'histoire, aux présupposés, aux désirs et au choix de celui qui parle. L'homme, qui par méthode scientifique s'est isolé de ses objets, ressent le besoin de se situer par rapport à la connaissance qu'il a acquise. Mais il ne peut oublier qu'en s'isolant de l'objet de son savoir, la connaissance acquise ne lui donne pas de compétence particulière pour parler de lui-même» (380). Annexes, index, bibliographies complètent cet exceptionnel parcours. Il n'est pas irrationnel de choisir l'espérance. - J. Burton sj

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