Cet ouvrage regroupe les conférences faites dans le cadre d'un
colloque organisé par l'Académie diplomatique internationale et
l'Institut européen des Relations Église-État, ayant pour objet de
considérer l'action diplomatique du Saint-Siège durant les 20
premières années du pontificat de Jean-Paul II. À côté d'exposés
plus larges, tels ceux du Cardinal Sodano (Les relations
internationales du Saint-Siège), de Mgr Tauran (De l'«Ostpolitik» à
la nouvelle Europe) ou encore les conclusions présentées par M.
Jean-Bernard Raimond (Le rôle international de Jean-Paul II), on
découvre des textes qui analysent le rôle de la diplomatie
pontificale dans des situations concrètes: la crise yougoslave (Mgr
Périsset, nonce en Roumanie), la guerre des Malouines (J. Joblin,
professeur à l'Université Grégorienne; signalons que dans le cadre
de son exposé, l'A. retrace les grandes étapes de la présence du
Saint-Siège sur la scène internationale), le Proche-Orient (S.
Ferrari, professeur à l'Université de Milan), la médiation entre le
Chili et l'Argentine dans une question de délimitation de
frontières (Mgr Montalvo, nonce aux USA et observateur auprès de
l'OEA), le rôle du Saint-Siège dans les institutions et les
conférences des Nations-Unies (J.-M. Coulet, rédacteur en chef de
l'édition francophone de l'Osservatore romano), ou encore la
diplomatie concordataire de Jean-Paul II (J.-B. d'Onorio). Le
lecteur aura bien sûr remarqué les qualités différentes des
orateurs: d'aucuns appartiennent au personnel diplomatique du
Saint-Siège, d'autres pas… De tels exposés mettent bien en relief
que si le Saint-Siège n'a pas de «divisions», n'en déplaise à
Staline, sa diplomatie est fort active et peut même aider à régler
des conflits. Mais cette diplomatie reflète bien évidemment la
spécificité de celui qu'elle représente. Si elle joue le jeu
«normal» des relations internationales (notamment elle obéit à la
loi de la politique qui est un art du «possible», et tout n'est pas
parfait), cette diplomatie vise aussi la sauvegarde des communautés
chrétiennes, la liberté religieuse étant d'ailleurs un des
principes directeurs de l'action diplomatique du Saint-Siège. Sans
doute, à travers ces exposés, ne perçoit-on qu'une partie de cette
action (pourrait-il en être autrement?). Mais un autre intérêt de
l'ouvrage est d'en montrer la complexité, en tout cas de manière
plus sérieuse que ce que ne laissent souvent filtrer certains
médias. Rien qu'à ce titre, le livre mérite qu'on s'y arrête. - B.
Joassart, S.J.