La foi comme vie communiquée. Fides qua et fides quae chez Henri de Lubac, préF. M. Sales

Germain Jin-Sang Kwak
Theology - reviewer : Marie-Gabrielle Lemaire
Dans cet ouvrage, le p. Kwak publie les deux premières parties de la thèse qu'il défendit à l'ICP en 2005. La troisième partie s'intéressait à l'approche lubacienne du bouddhisme. Mais ici, et concentrée sur ses deux premières parties, la thèse porte sur l'articulation entre la fides quae creditur (contenu de la foi chrétienne) et la fides qua creditur (l'acte de foi théologal). C'est une motivation pastorale qui nourrit la réflexion du théologien coréen, à savoir comment proposer la foi chrétienne d'une manière qui rejoigne les personnes dans leur vie concrète? Avec raison, il pose la question au p. de Lubac qui, à son époque, cherchait déjà à affranchir l'enseignement théologique d'un rationalisme abstrait qui séparait l'enseignement de la vie vécue de la foi. Le p. Rousselot, dans sa prise de conscience des limites d'une telle pratique en théologie, eut un impact décisif sur la réflexion théologique du p. de Lubac. Et c'est un apport original du livre de montrer cette influence déterminante.
Pour sortir d'une théologie trop notionnelle et abstraite, le p. de Lubac a choisi de partir de l'expression patristique de la foi, vive, symbolique et intuitive, renversant ainsi la démarche alors en usage d'élaborer la réflexion théologique sur la base d'une série d'énoncés abstraits de la foi. Pour comprendre ce choix, il faut déterrer les racines philosophiques de la théologie lubacienne. Le jésuite a une vision globale de l'être humain, une anthropologie dont toute sa théologie découle. L'homme, pour lui, est esprit, et c'est dans cet esprit, créé à l'image de Dieu, que se trouve inscrit un désir naturel de voir Dieu. Autrement dit, chez Henri de Lubac, la fides quae détermine la fides qua; c'est l'objet de la seconde partie de l'ouvrage. Dans son fameux combat contre l'extrinsécisme (séparation quasi hermétique entre les ordres naturel et surnaturel), Henri de Lubac a défini une voie théologique qui ne tombe pas non plus dans l'immanentisme ou le sentimentalisme, notre auteur l'explique en détail. Là où la tendance était de privilégier les constructions théologiques, Henri de Lubac voulait remettre l'accent sur la Révélation elle-même et sur la Personne du Christ, comme allait le faire le Concile. Pour le développement de sa thèse, l'A. a sélectionné certains travaux du p. de Lubac, «Apologétique et Théologie» (1929), «Sur la philosophie chrétienne» et, de la même année, «L'origine de la religion» (1936), «La lumière du Christ» (1941), Surnaturel (1946), Sur les chemins de Dieu (1956), «Mystique et Mystère» (1965), son
«Commentaire» du Préambule et du chapitre premier de Dei Verbum (1968), et bien sûr La Foi chrétienne (1971). - M.-G Lemaire

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