Première traduction française d'une oeuvre étrange, publiée en
1525. Les attaques tant des théologiens louvanistes que des
Réformateurs, une santé délabrée (des calculs rénaux), les
«calamités publiques» (guerre des paysans) ont rendu Érasme de
méchante humeur. Il se lance dans une diatribe effrénée, diffuse et
répétitive, sans structure claire, contre les intempérances de
langage: la kenophônia (vaniloquium) des matéologiens
glossogastres, la garrulitas (loquacitas, volubilitas) des cochers,
des marins, des cabaretiers, des barbiers, des mauvais prêtres et
des faux évêques… Il consacre des pages entières à fustiger les
franciscains «qui vont sans armes si ce n'est qu'ils portent
partout leur langue avec eux». Il s'attaque à la médisance, à la
diffamation, au dénigrement, à la calomnie, au mensonge, à la
duplicité, à la trahison des secrets. Encyclopédiste phénoménal, il
illustre ses propos avec des citations et des histoires tirées tant
de (plusieurs centaines d'oeuvres de) l'Antiquité gréco-latine que
de (tous les livres de) la Bible. Il puise ses exemples dans tous
les domaines: médecine, littérature, philosophie, théologie,
histoire contemporaine (mais sans citer de noms). Il s'attaque à la
polyphonie, aux cérémonies, à la confession. Conscient de ses
digressions (cessons de nous éloigner… revenons à notre question!),
il entend conduire le lecteur vers le langage angélique, par le
silence et la concision (qu'il loue de manière prolixe). Nombreux
index: thèmes, noms, citations bibliques. - P. Detienne, S.J.