Dans un monde de plus en plus matérialiste, beaucoup de personnes
ont soif de spiritualité et saint Jean de la Croix (1542-1591) n'a
jamais été autant lu qu'à notre époque. Ce fait ne doit pas cacher
la difficulté qu'éprouvent nos contemporains à la lecture d'une
oeuvre aussi exigeante que La montée du Carmel. Même
améliorée par le Père Lucien en 1967, la traduction du P. Cyprien
datant du XVIIe s. se ressentait de ses origines. Les mots ont
évolué de sens, ce qui rendait malaisée la lecture de ce livre
capital. C'est pourquoi le P. Huguenin, O.C.D., a entrepris une
oeuvre franchement moderne en reprenant tout à la base à partir des
éditions critiques récentes. Il apporte des milliers de corrections
à l'ancienne traduction en tenant mieux compte de l'évolution du
sens des mots. En outre il fournit en notes toutes les explications
nécessaires pour éclairer le texte aux points de vue théologique,
évangélique et psychologique. Un index des noms communs permet de
revenir sur le sens exact des termes, comme par exemple la
différence entre imagination et fantaisie. Ces précisions ont exigé
une sérieuse connaissance de la philosophie et de la théologie
espagnoles du XVIe s. , sans oublier les doctrines mystiques ou
antimystiques de la Réforme et de la Contre-Réforme. Même si
l'ouvrage de Jean de la Croix est allongé de près d'un tiers par
ces notes, on appréciera du moins la clarté apportée au texte et à
sa compréhension, de même qu'aux différentes étapes de sa
composition.
Puissent se multiplier les lecteurs désireux de connaître les
conditions de la conversion et le chemin à parcourir grâce à ce
traité de théologie morale qui a fait de Jean de la Croix un témoin
et un guide de la vie spirituelle pour ouvrir les âmes à l'Esprit
Saint et connaître dès ici-bas l'union à Dieu par Jésus-Christ.
Cependant ne nous y trompons pas, même facilitée, la Montée demeure
une lecture ardue. - B. Clarot, S.J.