La montée vers l’amour

Ruth Burrows
Spiritualiy - reviewer : Pascal Ide

Ruth Burrows (1923–), qui est entrée au monastère de Quidenham dans le Norfolk, en 1941, offre ici sa lecture personnelle de l’enseignement de saint Jean de la Croix, avec le souci d’en conjurer les herméneutiques déformantes et de le rendre accessible à un lectorat bien différent de celui du carme espagnol. Pour cela, elle écarte les interprétations qui voient dans son chemin un dépouillement de tout désir et, au fond, de toute humanité. Elle écarte aussi les catégories scolastiques à partir desquelles pense le Docteur mystique, les distinctions entre facultés et même les séparations trop tranchées entre les différentes nuits, des sens et de l’esprit, active et passive (de l’esprit).

Elle recentre l’attention sur ce qui, pour elle, est le cœur de la mystique : « Tout être humain est destiné à Dieu », littéralement « est pour Dieu [is for God] » (p. 111) ; « nous avançons [vers Jésus] avec notre vide infini pour trouver en lui notre achèvement » (p. 218). La conséquence immédiate en est que l’ego est le grand ennemi de la vie mystique : « Le premier effet de la rencontre avec le divin est une attaque tranchante contre l’égoïsme » (p. 102). Et c’est à cette lumière que se comprennent les différentes nuits et l’aridité à laquelle l’A. consacre de longs développements. Toutefois, l’essentiel réside dans le but qu’est la connaissance mystique, c’est-à-dire « un certain contact du moi [self] avec la divinité » (p. 173), connaissance qui est amoureuse, parce que « seul l’amour peut répondre à l’amour » (p. 14).

Passons nombre de références imprécises et des traductions de Jean de la Croix à partir du texte anglais. Ruth Burrows ne cache pas ce que son inspiration doit au « grand Karl Rahner » (p. 219. Cf. Id., Living in Mystery, London, Sheed and Ward, 1996, p. 5). La limite est notamment un « lissage » de la distinction entre nature et grâce (p. ex., p. 41). Le grand intérêt est de rappeler que la mystique sanjuaniste n’est pas d’abord une ascétique du nada : « Le chemin du Rien qui gravit la Montagne, le sommet où il n’y a Rien, ne sont rien d’autre que les conséquences de la divinité de Dieu, de son mystère infini » (p. 15). Et du « modèle ultime de la Montagne » qu’est le Christ crucifié (p. 153). — P. Ide

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