La thèse de ce livre ne laisse aucun doute: la transformation de la
liturgie entraîne la transformation de la foi ou, plus encore,
«l'altération radicale du rituel conduit à l'altération radicale de
la foi» (p. 145). Pour le démontrer, l'A. procède en trois étapes
de longueur inégale. Il présente d'abord les différences entre les
approches catholique et protestante de la justification et de la
messe (I-VIII) dans une théologie des plus classiques (saint Thomas
et le concile de Trente). Il suit ensuite l'émergence d'un rite
nouveau et hétérodoxe dans le Book of Common Prayer, sous
l'impulsion de Cranmer (VIII-XV). M.D., historien britannique,
argumente à coup de citations selon une conception très figée de la
Tradition. S'il entrevoit des possibilités de changements
liturgiques, il les réserve à des éléments très secondaires, bien
en deçà de la distinction entre «parties d'institution divine» et
«parties sujettes au changement» que fait Sacrosanctum Concilium
(n° 21).
Concluant son livre par une critique du compromis (XVI), l'A.
vise-t-il aussi la réforme liturgique de Vatican II? Il ne semble
pas audacieux de le penser, tant sa diatribe porte sur des points
importants de cette réforme: le retour aux origines (qualifié de
«procédé révolutionnaire», p. 138), la rupture avec la tradition,
les innovations telles que la langue vernaculaire, la communion
sous les deux espèces, le remplacement de l'autel par des tables ou
encore la participation active. S'il ne partage pas les
appréciations teintées d'antimodernisme (p. 15) de M.D., le lecteur
sera cependant touché par le récit de l'une des pages les plus
tragiques de l'histoire de l'Église catholique d'Angleterre. - G.
Bovens opraem