W. Pannenberg et E. Heintel s'accordent pour dire que ce qui fait la spécificité de la théologie allemande des deux derniers siècles, c'est l'effort pour présenter Dieu comme le fondement véritable de la subjectivité humaine. Il est alors indéniable que Fichte a été théologien, avec même l'avantage sur Hegel et Schelling d'avoir insisté sur la «différence absolue» qui distingue de manière insurmontable Dieu et le monde. L'entreprise du Père E. Brito est donc parfaitement justifiée, et il nous offre ici sur Fichte et sa théologie une étude exemplaire. On ne s'étonnera pas, bien sûr, d'y trouver une pensée dense et une écriture exigeante. On sera d'autant plus heureux d'accueillir ce nouvel ouvrage de l'A. que les travaux sur la théologie de Fichte sont peu nombreux.
Le livre comprend sept chapitres. Ils exposent l'évolution de la théologie fichtéenne selon l'ordre chronologique. Si la méthode apparaît donc génétique, la cohérence du développement intellectuel de Fichte lui permet cependant de ne nuire en rien à la compréhension systématique de sa pensée. En suivant l'ordre chronologique, l'A. refait le trajet de Fichte depuis les textes prékantiens et se donne ainsi la possibilité de montrer la continuité d'une réflexion théologique qui ne prendra toute son ampleur que dans sa dernière mouture, la Staatlehre de 1830.
Fichte était à la fois métaphysicien et théologien. Mais le but du P. Brito n'est pas d'entrer dans l'exposé métaphysique des traités théoriques de Fichte. Il ne s'agit pour lui que d'examiner les implications théologiques de la spéculation fichtéenne et la manière dont celle-ci entend évaluer la révélation du Dieu chrétien. Son exposé se déploie tout en finesse, notamment quand il lui faut saisir les nuances de l'évolution des thèmes dogmatiques dans la pensée de Fichte. En conclusion, il n'hésite pas à affirmer que l'interprétation philosophique que le philosophe allemand donne au christianisme tend non seulement à le rendre transparent, mais même à le dissoudre dans l'autoréflexion de la subjectivité rationnelle. Il ne s'agit au fond que d'une quête sans cesse reprise de l'autocertitude de la raison. Mais c'est à juste titre que Fichte n'en cherchait pas moins à relier l'interprétation de la nouveauté chrétienne à une théorie de l'Absolu. - H. Jacobs sj

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