La trace entre absence et présence. Actes du colloque international de Metz, éd. P.-M. Beaude, J. Fantino et M.-A. Vannier
Col.Philosophy - reviewer : Jean Burton s.j.
I. Littératures (la moitié du volume!, sur Ch. Péguy, H. Ghéon, Swedenborg, Nelly Sachs, H. Bosco, P. Nougé, P. Modiano, P. Michon, G. Macé, H. Bauchau, Jean-Pierre Lemaire,). Ici, il s'agit de ces «traces sinueuses du voyage de l'auteur à travers le désert des pages blanches», traces des «livres abolis» qui… ont été rejetés «aux limbes de la littérature». Mais «traces» de quoi? … d'une blessure, d'une conversion, de l'Écriture? … La métaphore de la trace joue comme indicatif d'une expérience spirituelle «d'une présence dans l'absence». Toutes les études seraient à présenter. On nous permettra de pointer celle, remarquable de sensibilité, de notre collaboratrice Evelyne Frank (cf. NRT 127 [2005] 266-275; 128 [2006] 75-84 et 613-628) scrutant la «Présence-Absence comme la Chékhinah» du passage de Dieu dans «le Coeur circoncis» de J.-P. Lemaire.
II. Bible et antiquité tardive. Plus modeste, ce chapitre propose trois études. Citons les sans plus: Jacob ou la trace au futur, Allusion et trace d'ironie en Marc 4, 11-12. et Le vestige: empreinte trinitaire selon Augustin. III. Sciences humaines et philosophie. Sont classiquement sollicités le psychanalyste et l'historien, explorateurs et interprètes des traces des «histoires ancestrales». Le philosophe lui, après un long détour chez Ricoeur (La Mémoire, l'Histoire et l'Oubli), propose d'abord une élaboration phénoménologique qui navigue entre trace, empreinte et vestige pour, enfin, «penser» la trace «avec une touche plus charnelle… que celle que nous offre l'approche sémiotique».
Le volet IV est dédié à une lecture théologique de notre culture. Cinq traces sont donc à suivre de l'objet esthétique à l'artéfact théologique, du statut d'une révélation «faible» dans une lecture «religieuse» de la postmodernité ou le best-seller comme substitut au Livre des livres ( ici, Les Particules élémentaires de M. Houellebecq), d'une «improbable théologie» au creux de l'oeuvre de S. Beckett (à partir d'une hypothèse de M. de Certeau), dans la question médiévale (c. 1140-1340) de la pluralité des mondes et dans les traces de sang de la violence sacrificielle et sa subversion eucharistique. On priera nos lecteurs d'excuser l'évanescence - sinon leurs insignifiances - de ces traces relevées, avec l'espoir qu'ils se mettront eux-mêmes en route dans ce merveilleux labyrinthe aux cent détours révélateurs. Ici surtout un ou deux index auraient été plus que bienvenus. - J. Burton sj