Par rapport au mystère de la Transfiguration, les Églises d'Orient
et d'Occident entretiennent deux positions différentes: la
Transfiguration du Christ, que nous lisons dans les évangiles,
concerne-t-elle le Christ seul? Ou bien, des chrétiens, saints ou
bienheureux, peuvent-ils être pareillement gratifiés d'une
transfiguration de tout l'être, dès leur vie ici-bas, gage de leur
transformation corporelle dans l'au-delà? L'A. de cette savante
étude est prêtre dominicain; il enseigne à la Faculté théologique
de Lugano et dans divers centres d'études théologiques et
monastiques; il a défendu une thèse doctorale à l'Univ. de Fribourg
intitulée La Lumière du Christ transfiguré chez les saints
(2000). Une longue recherche à travers la patristique et la
tradition chrétienne lui permet d'affirmer que l'Orient orthodoxe
peut sur ce point apporter des lumières à l'Occident catholique,
fournissant ainsi un point d'accord oecuménique important.L'A. nous
décrit l'itinéraire de sa recherche et de sa thèse. Après une
introduction sur cette «réalité oubliée», il commence par étudier
les prototypes bibliques dans l'Un et l'Autre Testament à propos de
«la lumière de la Face», celle de Dieu communiquée à l'homme:
Moïse, Jésus, Étienne. Un 2e chapitre examine la théologie de la
lumière chez Irénée, Clément d'Alexandrie, Origène, puis Basile,
les deux Grégoire et le pseudo Denys l'Aréopagite. Il se tourne
alors vers les Byzantins, avec Jean Chrysostome, Maxime, Jean de
Damas et surtout Grégoire Palamas qui parle de «la lumière incréée
communicable». Le chap. 4 est consacré aux Pères latins: Cyrille
d'Alexandrie, Augustin, pour en arriver à la scolastique médiévale
et saint Thomas qui dévoile «la clarté de la gloire». Les chap. 5
et 6 entreprennent «une réflexion plus spéculative à enjeu
oecuménique» sur l'expérience mystique comme participation à la
lumière divine (enhypostasie), rapprochant ainsi Thomas de Palamas,
tout en notant les différences de conception. En intitulant son
dernier chapitre «De l'icône à la lumière thaborique», il passe de
la transfiguration du Christ à celle des saints. Il termine par
«douze questions en guise d'épilogue» qu'il discute sur le plan
d'un rapprochement théologique.Cette étude subtile et pénétrante ne
passionnera sans doute pas le chrétien de la base, incapable de
suivre l'A. dans la complexité de ses analyses. Mais, laissant cela
aux théologiens chevronnés, le chrétien de base pourra en tirer
quelques applications pour une spiritualité lumineuse. - J.
Radermakers sj