Volume d'hommage au cardinal Georges Cottier (Frère Marie-Martin op
qui, en 1975, devint directeur de la revue Nova et Vetera et, en
1989, «théologien de la Maison pontificale». Plus de vingt
contributions témoignent de l'estime qu'a suscitée l'oeuvre
théologique et pastorale de ce dominicain dont la fidélité à saint
Thomas n'a pas exclu l'ouverture à la réflexion d'autres penseurs.
Le cardinal Joseph Ratzinger, aujourd'hui Benoît XVI, y donne une
étude sur les fondements spirituels de l'Europe. Pour lui, celle-ci
n'est un concept géographique que de façon secondaire, car elle est
avant tout «un concept culturel et historique». Il y dégage les
facteurs fondamentaux qui font l'identité européenne mais dont
souvent l'imprécision conduit aujourd'hui à des comportements
injustifiables. Il met en lumière une «haine de soi de l'Occident»
qui le mène à ne plus voir dans sa propre histoire que ce qui est
blâmable et destructif. La Charte des droits fondamentaux pourrait
être un signe que l'Europe, de manière consciente, est de nouveau à
la recherche de son âme. Le Père Gilles Emery s'interroge sur les
rapports de la raison et de la foi face au mystère de la Trinité.
Ce mystère, fruit de la Révélation, nous pousse, en effet, à y
chercher la place que peut y avoir la raison. Saint Thomas a donné
à cette question une réponse «précise et profonde»: le Père Emery
cherche à la situer face à d'autres courants de la théologie
médiévale. Pour lui, saint Thomas en a manifesté la vérité par des
raisons vraisemblables «pour l'exercice de la consolation des
fidèles».
Se demandant ce que représente saint Thomas d'Aquin dans
l'encyclique Fides et Ratio, le Père S.-Th. Bonino op, remarque que
le thomisme n'est pas pensée «officielle» de l'Église et que
celle-ci ne se prononce pas sur sa vérité. Mais il souligne combien
elle recommande la pensée de saint Thomas comme «un chemin concret,
sûr et éprouvé pour entrer dans l'intelligence du patrimoine de la
sagesse chrétienne». Patrick de Laubier confronte saint Paul et
Sénèque et voit dans la situation spirituelle du monde de cette
époque une analogie avec celle de notre temps. Certes ce n'est pas
le stoïcisme de Sénèque qui rivalise actuellement avec l'Évangile,
mais un stoïcisme inspiré des Lumières et rêvant d'une morale
purement immanente. Les chrétiens sont eux-mêmes touchés par cette
perspective et P. de L. ne voit de solution que dans un «supplément
de vie mystique». Ce riche volume est en parfaite consonance avec
le rayonnement du cardinal Cottier. - H. Jacobs sj