La vie d'Aelred, abbé de Rievaulx, tr. P.-A. Burton
Walter DanielBiographies - reviewer : Paul Detienne s.j.
L'A. nous renseigne en passant sur l'Écosse et les moeurs du temps: «les plus chastes ne changent de partenaires qu'une fois par mois; un homme vend sa femme pour le prix d'une génisse». Certains passages de la Vita ont soulevé deux objections, auxquelles la Lettre à Maurice tente de répondre. La première a trait au fondement historique des miracles du saint; l'A. la réfute en fournissant une liste de témoins oculaires, en blâmant l'incrédulité des objecteurs, et en ajoutant une nouvelle série de miracles, dont celui-ci, délicieux: un incendie a résisté à moult tonneaux d'eau et barriques de vin déversés par les moines; Aelred, pas encore novice, répand une carafe remplie d'un breuvage anglais sur les flammes «qui s'éteignent sur le champ comme si la mer les avaient recouvertes». La seconde objection concerne deux expressions litigieuses. L'A. les justifie en évoquant un traité attribué à Cicéron. S'il a écrit que, à la cour d'Écosse, le saint se conduisait en moine, c'est par synecdoque (il n'était pas parfaitement chaste, mais il était vraiment humble). S'il a écrit que le cadavre d'Aelred (dont, selon les descriptions minutieuses de l'A., le décès serait dû à un cancer du carrefour aéro-digestif) exhalait un parfum d'encens, c'est par hyperbole. De toutes façons, conclut l'A., l'important, ce ne sont pas les miracles, c'est la charité que les miracles manifestent. La traduction est d'une grande fidélité; de nombreuses notes mentionnent les passages obscurs dont la traduction est incertaine. - P. Detienne, S.J.