Composées par Éphrem (306-373) dans les dernières années de sa vie,
ces 52 hymnes syriaques exaltent le Christ manifesté dans
l'harmonie des trois harpes que sont les deux Testaments et la
nature: «Où que tu regardes, là est son symbole; et dans tout ce
que tu lis, tu trouves ses préfigurations»: il est comme un parfum
de grains d'encens, comme la saveur d'un fruit en bouche. Les
hymnes sont divisées en strophes, habituellement de 8 vers (parfois
6, 5, 3 ou 7), avec ordinairement un court refrain (v.g. Louange à
ton abaissement !), et la mention de la mélodie (v.g. sur l'air
«Ton troupeau tristement»); les neuf poèmes consacrés à Jonas et à
Ninive sont composés en distiques. Relevons les diverses sections:
la virginité (1-3); la lumière (51-52)… et surtout les béatitudes
(Heureux le puits où il s'est reposé;… heureuse es-tu, Marthe, qui
as nourri le grenier…) et les actions de grâce: de Nazareth, où
Jésus est né (sic); de Cana, où il a transformé l'eau en six sortes
de vin; de l'endroit où il a craché; d' Éphraïm, dont le nombre 331
est la somme de croix 133 et de crucifié 198; de Jéricho, où le
'figuier' de Zachée méritait des malédictions; de Sichem, où Éphrem
réhabilite la Samaritaine, protégée par son pseudo-mari. Le thème
de la « substitution » est développé en un style non
dépourvu de l'antijudaïsme traditionnel: «avec le commencement des
Nations vient la fin du Peuple… tu as stérilisé Sion et fait
fructifier ton Église… les circoncis ont chassé leur Roi, qui est
parti à Sichem, remplie de païens». Dans l'index des noms, relevons
les 20 noms de Satan (le rusé, le souillé, le vorace, le
pitoyable…), dont Éphrem décrit longuement les manigances au
désert; et les 70 appellations du Christ: la fontaine, la source,
la mer, la cataracte… le limpide, le silencieux, le paisible. À
lire. - P.-G.D.