On sait qu’Éric-Emmanuel Schmitt, l’auteur de pièces de théâtre comme Oscar et la Dame rose avait vécu une expérience spirituelle fondatrice dans le désert du Hoggar, qu’il retraçait dans La Nuit de feu mais il avait peu narré, de manière directe, la suite de son itinéraire de croyant. C’est chose faite avec ce récit, qui oscille entre récit de voyage et carnet spirituel. En effet, l’A. eut la surprise d’être convié par le Vatican à réaliser un pèlerinage à Jérusalem et à écrire ensuite un livre dessus, que voici, avec, en conséquence, une postface du pape François.

C’est donc un nouveau récit de pèlerinage, écrit à la première personne, montrant les réflexions de l’écrivain face aux lieux inspirants qu’il découvre, d’abord avec un groupe, ensuite plus en solitaire. Des réticences du début, on perçoit peu à peu la carapace qui se craquelle pour enfin s’ouvrir pleinement, chrysalide devenue papillon, face au vide si présent du saint sépulcre. On pourra certes être agacé par quelques tournures qui témoignent peut-être davantage d’une recherche esthétique que spirituelle mais on ne pourra que se laisser toucher devant cet homme qui ose se reconnaître vulnérable et accueillir le don de Dieu. Comme il l’écrit « je pensais traverser Jérusalem : Jérusalem m’a traversé » (p. 199) et c’est cela qu’il partage finalement au pape François en dernier épisode du livre, qui lui confirme que « souvent, parmi nous en ou en nous, Dieu ne parvient pas à passer. Or nous devons le laisser passer. Il nous faut desserrer tous les freins, fermeture, urgence, certitude, domination » (p. 207). — I. Payen de La Garanderie o.v.