Le droit de l’Église au service… du gouvernement de la vie religieuse
(dir.) Cédric Burgun (dir.) Bruno Gonçalves c.o.Morality and law - reviewer : Noëlle Hausman s.c.m.
La Faculté de droit canonique de l’Institut catholique de Paris consacre régulièrement des journées d’études pluridisciplinaires à certains thèmes dont les textes sont opportunément publiés dans ses « Cahiers ». Celui qu’elle consacre au droit de l’Église touchant le gouvernement de la vie religieuse ne manque certes pas d’actualité tout en bénéficiant d’auteurs qualifiés. Ancien provincial et archevêque émérite, J.-P. Grallet o.f.m., introduit l’ensemble en notant que le gouvernement religieux peut souffrir soit d’une insuffisance, soit d’un excès d’autorité. L’approche pluridisciplinaire que défend C. Burgun se nourrit des grands textes magistériels adressés à la vie consacrée, mais repart d’abord du Code de 1917 et du « pouvoir dominatif » que le canon 501 reconnaissait aux supérieurs et aux chapitres ; on parlera aujourd’hui plutôt de pouvoir de juridiction, sans négliger l’aspect spirituel d’une docilité certes choisie mais aussi normée par le respect des personnes et la liberté des consciences ; bref, il s’agit d’une autorité spirituelle au service de la fraternité. Sur la responsabilité du gouvernement religieux par rapport au charisme, B. Gonçalves c.o. apporte d’utiles perspectives, soulignant que le charisme est garanti par les constitutions, mais aussi par l’autorité ecclésiale compétente pour les approuver. Or le charisme s’actualise et se transmet, et la vie dans l’institut peut être tracée (voir le schéma proposé p. 61) comme le passage « du charisme personnel au charisme reçu dans et par l’Église ». L.-M. Pocquet du Haut-Jussé s.m.j. s’intéresse à cette autorité qui parfois dans la vie religieuse devient collégiale ou synodale, via les conseils, les chapitres et les autres organes de consultation.
F.-M. Léthel o.c.d. pour éclairer « un chemin de réforme et de guérison » que le nouveau Code (avec son insistance sur la liberté de conscience) et l’expérience personnelle éclairent, revient sur le cas de Jeanne d’Arc, victime de l’ecclésiologie conciliariste, et celui de Thérèse de Lisieux, qui fut illégitimement privée de communion fréquente. Les deux dernières études mettent en perspective les rares expériences de Jean-Charles Nault o.s.b., dans ce « gouvernement accompagné » que constitue la visite canonique dont les conditions de succès sont énumérées, et de Henry Donneaud o.p., au sujet du « gouvernement suppléé », lequel doit demeurer dans son rôle de serviteur d’un institut que l’Église a estimé capable de vivre et de guérir – le cas des Béatitudes faisant foi. Un manuel pour le temps présent. — N. Hausman s.c.m.