Le fondateur de l'Opus Dei. III. Les chemins divins de la terre, tr. J. Bélorgey et Br. Journeau

A. Vázquez de Prada
Biographies - reviewer : Renard
Ce gros travail qui totalise 2242 pages constitue un monument d'érudition dont témoignent les très nombreuses notes précises et intéressantes, les annexes documentaires et les index qui renvoient aux personnes citées et aux sujets étudiés.Inspiré par la Positio de la cause de béatification de José Marie Escriva de Balaguer qui aboutit en 1992, l'ouvrage présente les avantages et les inconvénients de ce type de document: les mérites et les vertus du vénérable personnage étudié sont constamment mis en valeur; nous apprenons beaucoup sur l'homme et son oeuvre, sur un homme qui a consacré toute sa vie à son oeuvre, qui a été en quelque sorte absorbé par elle. On peut regretter que le décor historique ne soit que sommairement évoqué; par exemple on aurait aimé connaître la position du fondateur sur les deux congrès mondiaux de l'apostolat des laïcs qui se sont tenus à Rome, où Escriva se trouvait alors, respectivement en 1951 et 1957.
Le premier volume décrit le milieu familial inséré dans la petite bourgeoisie de Barbastro, puis de Logroño en Aragon, la vocation sacerdotale, les années de séminaire à Saragosse, l'ordination, l'apostolat auprès des malades à Madrid. «L'illumination» sur l'oeuvre à créer survient le 2 octobre 1928. Elle est suivie de la fondation de l'Opus Dei et de la constitution de ses premiers établissements.Le deuxième tome traite de l'apostolat d'Escriva en Espagne de la guerre civile en 1936 jusqu'à 1946. On le suit à Madrid, dans la zone républicaine où il risque la mort parce qu'il est prêtre catholique, et ensuite, après un bref passage en France, dans la zone nationaliste. À Burgos en 1938-39, il rédige son livre Chemin qui contient 999 «considérations» issues souvent d'observations faites à des membres de l'OEuvre à travers une volumineuse correspondance, le publie à Madrid où il réside à nouveau de 1939 à 1946. Prédicateur très apprécié, il est sollicité pour de nombreuses retraites par des prêtres, des religieuses, des étudiants et étudiantes. En 1940, il doit changer de confesseur. Le Père jésuite Sanchez Ruiz, qui l'a soutenu jusque là, ne peut plus diriger spirituellement un prêtre qui a créé une oeuvre proche de l'esprit de la Compagnie, mais que ses supérieurs jugent trop indépendante. L'OEuvre rencontre alors l'opposition des jésuites et de divers ecclésiastiques, ainsi que l'hostilité de la Phalange, qui prétend être le parti unique et qui redoute l'influence d'Escriva dans le monde universitaire. Tous les traits de l'image noire de l'Opus Dei répandus par ses adversaires se dessinent alors. Escriva est soutenu par l'évêque auxiliaire de Madrid, Eijo y Garay, et obtient une approbation romaine en 1943.
Le troisième volume commence en 1946 avec l'installation du fondateur à Rome où il séjournera jusqu'à sa mort en 1975. Escriva veut romaniser l'OEuvre pour la mettre à l'abri des critiques et des polémiques. À partir de 1957, des membres éminents de l'Opus Dei font partie du gouvernement de Franco, ce qui leur permet de moderniser efficacement l'économie et la société espagnoles, tandis que d'autres militants de l'OEuvre, comme Calvo Serer, se situent dans l'opposition libérale. Escriva s'investit dans la construction des établissements romains de l'Opus Dei devenu un institut séculier, voyage beaucoup pour encourager son expansion, rencontre un accueil favorable du cardinal Schüster à Milan, mais il doit temporiser à Lisbonne où le cardinal Cerejeira se montre réticent. Alvaro del Portillo, son confident et son second, participe activement au concile Vatican II, notamment à tout ce qui concerne l'apostolat des laïcs.Escriva est un prêtre très pieux dont la spiritualité rayonne, comme l'atteste le cardinal français Marty: «Un moment de conversation avec lui ressemblait à un moment de prière». Doué d'une grande capacité de travail, il est humble, prudent, patient face aux contrariétés, tenace, entièrement dévoué à son oeuvre. Ses grandes qualités expliquent l'essor d'une organisation qui se trouve dans la ligne du concile Vatican II en prônant un appel universel à la sainteté et un véritable apostolat des laïcs qui ne se réduit pas à une simple participation à l'apostolat de la hiérarchie. Un livre incontournable par son ampleur sur le fondateur de l'Opus Dei. - Y.-M. Hilaire (Univ. de Lille III)

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