Agostino Paravicini Bagliani est professeur émérite de l’histoire du Moyen Âge à l’université de Lausanne, membre du Comité Pontifical des Sciences Historiques et connaisseur de la papauté au xiii^e siècle, spécialement de la symbolique qui l’accompagne. Cette symbolique se montre dans les vêtements du pape, les actions rituelles dans lesquelles il est impliqué, ses titres etc. « Le monde symbolique de la papauté » au xiii^e siècle est le thème central des articles rassemblés dans ce livre. Ils nous informent tant sur la façon dont le pape comprenait son office que (beaucoup moins amplement) sur la façon dont il était vu par les autres. On a dit souvent que l’autorité papale atteignait son zénith durant le pontificat d’Innocent iii et qu’elle avait perdu beaucoup de son prestige un siècle plus tard, sous le régime de Boniface viii (comme le montre la fin tragique de ce pape), bien que celui-ci manifestât une auto-conscience papale sans pareille. Le lecteur sans préjugés, surtout celui sans formation profonde en théologie et droit canonique, se demandera dans quelle mesure l’auto-compréhension actuelle de la papauté, dans le cadre de l’ecclésiologie magistérielle, diffère de celle du xiii^e siècle. Tout en ayant renoncé au pouvoir temporel, le pape revendique le pouvoir illimité sur l’Église et l’autorité morale sur les affaires du monde. Cette revendication est fondée sur la révélation présumée de Dieu. Les critiques contemporaines de l’auto-compréhension de la papauté ne doivent pas ignorer qu’elle s’est toujours comprise comme soumise à l’autorité absolue de Dieu et du Christ et, de ce fait, on peut dire que le catholicisme romain est plus raisonnable que l’auto-divinisation irrationnelle de l’homme et celle de la raison humaine à l’âge des lumières avec sa critique de la « superstition » catholique. — R.J.