Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre les Instituts oecuméniques de Strasbourg, de Tübingen et de Bensheim. Paru en allemand à Frankfurt a. M. en 2003, il est désormais accessible en cette excellente traduction française. On ne sait ce qu'il faut admirer davantage en cette publication: la présentation des divers aspects de l'option qu'elle propose sous la forme de 7 thèses brièvement formulées, dont chacune est suivie d'une «explication», d'un «état de la discussion», et d'une conclusion sous la forme de «perspectives d'avenir»; ou encore la loyauté et la pertinence avec lesquelles sont cités les textes où les diverses confessions chrétiennes se sont exprimées sur le sujet depuis Vatican II, y compris, en ce qui concerne l'Église catholique romaine, certaines prises de positions particulièrement ouvertes: celle du Pape Jean-Paul II lors de sa rencontre avec des représentants du Conseil de l'Église Évangélique d'Allemagne, le 17 novembre 1980 (p. 53), et celle du Cardinal Kasper, à propos du subsistit (LG 8; UR 3): «L'Église catholique ne se définit pas dans son identité avec l'Église de Jésus Christ» (p. 38).
Mais le principe essentiel qu'invoquent les auteurs en faveur du partage eucharistique trouve dans cette affirmation d'un document luthérien sa justification décisive: «L'accès à la table du Seigneur est ouvert en principe à tout chrétien baptisé qui s'en approche en confiance aux promesses du Christ, telles qu'elles ont été prononcées par les paroles d'institution» (p. 24). Non moins significative est la directive pratique dite Handregel dont l'auteur est le Cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, qui estime «possible la communion au-delà des limites confessionnelles» - ce qu'il explicite dans une lettre adressée à un chrétien protestant, publiée en 1999: «Celui qui peut prononcer d'un coeur sincère l'Amen qui clôt la prière eucharistique peut également recevoir d'un coeur sincère la communion qui est le fruit de cette prière. Il peut répondre, à celui qui lui donne la communion en disant « le corps du Christ », par un « Amen » sincère et plein de foi» (p. 32).
Qu'on nous permettre d'ajouter ici qu'en 1970, nous avons entendu le Cardinal L.J. Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, approuver la proposition suivante, à l'occasion d'une rencontre interconfessionnelle du Renouveau charismatique: «La participation à l'Eucharistie est ouverte à tous ceux qui estiment pouvoir en conscience adhérer à la foi de l'Église catholique telle qu'elle s'exprime en sa liturgie». La plupart des communautés catholiques ne pourraient-elles se déterminer aujourd'hui, sur la base de tant de dialogues largement positifs, en fonction du même critère en ce qui concerne la plupart des Églises issues de la Réforme? À ce critère fondamental nous ajouterions volontiers que nos liturgies respectives, ainsi que leurs justifications doctrinales, ont été historiquement influencées par des références d'ordre culturel, qui ont évidemment influencé nos rituels (c'est plus frappant encore en ce qui concerne la liturgie byzantine). Ainsi, la référence privilégiée des diverses traditions protestantes au texte biblique, et leur tendance à un certain dépouillement symbolique de la liturgie (d'ailleurs beaucoup plus nuancé aujourd'hui!): reflets d'une époque où l'urbanisation croissante et l'invention de l'imprimerie favorisaient l'accès d'un beaucoup plus grand nombre de fidèles à un type de culture plus autonome, moins dépendante du prestige d'une catégorie de «clercs» (du grec kleros, fonction réservée à une minorité).
Voilà, incontestablement, qui relativise certaines auto-justifications péremptoires d'un certain passé. Concluons en marquant notre accord sans réserve avec cette position abondamment illustrée par les auteurs: «Le travail oecuménique a atteint un stade qui n'a pas seulement des conséquences pour les chrétien(ne)s en tant qu'individus. Il permet de passer d'une simple «pastorale de l'urgence» à une pratique officielle de l'hospitalité eucharistique». - P. Lebeau sj

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