Les cinq conférences de la Faculté Notre-Dame de l'École cathédrale
(Paris) ici réunies proposent un nouveau type de rapport entre
l'Église et les sociétés modernes, marqué par l'écoute et la
réconciliation. Th. Knecht évoque la résistance au nazisme de Mgr
von Galen (évêque de Münster de 1933 à sa mort en 1946, récemment
béatifié) manifestée dans ses homélies et sa correspondance avec
Pie XII. H. Woniakowski esquisse l'histoire de l'Église dans la
Pologne communiste, une Église qui a su maintenir le sens, la soif
et l'espoir de la liberté. M. Gauchet, dans un article qui est
entièrement à lire, traite de la liberté religieuse. Il met en
évidence le parachèvement, au cours de ces trente dernières années,
de la dissociation de la politique et de la religion, bien au-delà
de la séparation de l'Église et de l'État: les chrétiens ne
revendiquent pas une politique alternative qui s'opposerait à
l'organisation de la démocratie. La religion ne fournit plus la
norme officielle: privatisée, elle n'est pas exclue de l'espace
public pluraliste, dont elle est une des composantes légitimes…
Reprenant le thème de son récent ouvrage La condition foetale
(2004), L. Boltanski nous propose une sociologie de l'engendrement
et de l'avortement: «Un grand nombre d'avortements résultent
aujourd'hui d'un défaut de communication, ou de réalisme,
particulièrement entre des personnes qui s'engagent dans un nouveau
projet de vie commune». Mgr Cordes, évoquant Péguy et Solidarnosc,
réfléchit sur les vocables solidarité (utilisé 23 fois dans le
Catéchisme de l'Église catholique) et charité. Ils ne sont pas
interchangeables: d'un côté, impératifs moralisants; de l'autre
côté, le monde salvifique de Dieu. L'ouvrage se clôt sur un texte
de Benoît XVI évoquant la réforme conciliaire: discontinuité
historique dans la continuité des principes. - P. Detienne sj