Le livret du jésuite Benoît Vermander est un essai d’adaptation des célèbres Exercices Spirituels d’Ignace, compte tenu des difficultés de vocabulaire, de syntaxe et de la pensée théologique du texte du xvi^e siècle. En 1996 déjà, David Fleming s.j. avait réalisé pareil travail en anglais. B. Vermander vit à Shangaï et désire « faire goûter » le texte du fondateur, sans le dénaturer, en le suivant pas à pas, numéro par numéro. Il est destiné avant tout aux « accompagnateurs ». À eux d’apprécier cet essai de « version contemporaine ».

On découvre dans les Exercices spirituels le génie d’Ignace au service de la conversion du chrétien, un chemin de conversion offert par Dieu, balisé par l’accompagnateur, qui mise sur la liberté du pécheur et l’aide à grandir dans la rencontre de Dieu et du Christ. C’est une sorte d’itinéraire pascal. On pourrait dire qu’il commence par un Carême (1^re semaine) pour déboucher sur le mystère de Pâques. Ce chemin de guérison rappelle aliquo modo le rituel de réconciliation des pénitents au cours des premiers siècles. L’itinéraire est souple, il s’adapte à chacun et adopte son rythme propre. La conversion concerne toute la personne. Elle convoque les cinq sens, relayés par les « sens spirituels », dans l’espoir que l’expérience du converti le ramène à Dieu, à travers le combat spirituel que les moines des premiers siècles avaient déjà expérimenté. Cet itinéraire est balisé par la contemplation des mystères du Christ, la prière chrétienne et la méditation de la Parole de Dieu qui suscite l’homme nouveau, retrouvant sa vraie liberté. L’itinéraire dure normalement quatre semaines, le « discernement » étant le maître-mot dès la première étape du parcours.

Au début, le retraitant est invité à l’examen de sa vie pour affronter le combat spirituel en connaissance de cause. Sa mémoire de pécheur, sa raison, ses sens et sa foi se conjuguent pour rendre possible l’expérience de la séparation avec Dieu (enfer), mais aussi de la redécouverte de Dieu, notamment par la méditation du Notre Père. La deuxième semaine est la rencontre du Christ, grâce à la contemplation des mystères de l’Incarnation et du ministère public de Jésus jusqu’à la résurrection de Lazare et l’entrée messianique à Jérusalem. La troisième semaine est centrée sur le mystère pascal dans sa phase douloureuse, depuis la Cène, le jugement, la Passion, jusqu’à la mort en croix et la mise au tombeau. La quatrième est consacrée aux apparitions du Ressuscité, à l’Ascension et à l’envoi des disciples dans le monde réconcilié. Plusieurs textes complémentaires sont proposés au terme de l’ouvrage, concernant la manière de prier, les textes scripturaires, les mouvements spirituels (de désolation et de consolation) comprenant 13 règles de base et 8 autres en vue du discernement. Enfin Ignace aborde des points particuliers comme la nourriture, le partage des biens, les scrupules et la place de chacun dans l’Église. Bien sûr, l’ouvrage reproduit la célèbre prière d’Ignace Âme du Christ. — A. Haquin