Le volume collectif s’interroge essentiellement sur une demande pour aujourd’hui en avançant des propositions pour un approfondissement théologique sur l’éventualité que des baptisés laïcs prêchent la Parole. Plusieurs articles historiques passionnants permettent de mieux comprendre le sens à la fois de la liberté (toujours limitée) accordée à certaines personnalités ou certaines communautés de prêcher. Si l’on connaît bien les homélies d’Hildegarde de Bingen devant des évêques et même le pape Eugène iii (xiie s.), on (re)découvre avec intérêt le rôle encore assez méconnu de Robert d’Arbrissel, prédicateur itinérant et réformateur exigeant, fondateur de Fontevraud. L’hérésie vaudoise eut un rôle, souvent complexe, dans le coup de frein de la réforme grégorienne (1228) qui exigea que les prédicateurs soient formés et investis d’un mandat reconnu. Toutefois, le rôle des laïcs, toujours limité, est lié à l’évolution de la culture urbaine, même si la « licence de prêcher » (en langue vulgaire) accordée p. ex. à François d’Assise, et à ses premiers frères, se limite la plupart du temps au domaine « moral » et suppose une intégration dans le cadre clérical par le biais de la tonsure. Les ordres mendiants qui fréquentent les universités naissantes, rejoindront d’ailleurs progressivement la hiérarchie ecclésiale. Il fallait aussi tenir compte de la méfiance du clergé, toujours en alerte !

C’est le concile de Trente qui a fixé, après la tempête de la Réforme, le lien exclusif entre statut clérical et possibilité de prêcher. Le concile Vatican ii a cependant opéré un changement de paradigme dans le sens d’une reconnaissance de l’Église, Peuple de Dieu, participant à la mission rédemptrice en vertu de son baptême. Au-delà des tensions toujours vives, le pontificat du pape François cherche sans doute à faire entrer l’Église dans une phase plus créative, dans le sens d’une compréhension neuve et profonde de la théologie du laïcat. Du coup s’ouvrent des opportunités nouvelles, malgré les restrictions maintenues par le code de droit canon de 1983, de donner la possibilité à certains laïcs de prêcher, hors la liturgie eucharistique – mais sans que l’exclusion soit absolue –, dans le cadre rigoureux d’un mandat ecclésial et comme service d’Église.

L’ouvrage, qui se lit avec grand intérêt, contient en annexe plusieurs documents historiques et les interventions du Magistère autour de ce sujet de 1983 à 2015. — M.-J. Coutagne

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