Les sacrements en question. Qui peut les recevoir ? Pour quels fruits ?
(Dir.) Thibaud Guespereau (Dir.) Thibaud Collin (Dir.) Henri VallançonLiturgy and pastoral care - reviewer : Charles Scrive f.m.j.
Cet ouvrage collectif aborde la question des sacrements et de leur administration dans l’Église catholique avec les problématiques actuelles que pose l’évolution de la société moderne. De facture variable, les chap. composés par divers auteurs permettent d’aborder le sujet de multiples manières. Nous ne retenons que certains éléments marquants.
Dans la 1re part. sur le donné de la foi, on relève la pertinence des A. qui prennent en compte la complexité croissante des situations et les outils mis à disposition des fidèles et des pasteurs pour les affronter. Si le rappel des dispositions et des éléments canoniques de discernement pour recevoir les sacrements est nécessaire – et à ce titre certains chap. sont précieux pour résumer simplement les points essentiels – cette approche s’avère cependant insuffisante dans l’expérience pastorale actuelle, en particulier pour accompagner les personnes dans la durée. De ce point de vue, les apports du p. Pascal Ide sont fructueux pour mettre en évidence la compréhension des blessures et les ressources mises à disposition pour les soigner. « Le pasteur se doit de continuer à appliquer avec vérité et miséricorde la doctrine traditionnelle du péché mortel en s’aidant de ces nouveaux moyens, diagnostiques et thérapeutiques » (p.126).
Dans la 2e part. plus historique, philosophique, théologique, nous prenons la mesure de la rupture anthropologique produite en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale. Face à un tel effondrement de la pratique, l’avertissement final de Guillaume Cuchet est sans doute à retenir : se garder de tout « laxisme », qui n’est jamais une solution durable, tout en se souvenant que « les sacrements sont pour l’homme, et non pas l’homme pour les sacrements » (p. 200). L’apport philosophique de Thibaud Collin permet de souligner la nécessaire subjectivation adéquate de la Foi pour la transmettre sans l’altérer. Face au relativisme, à l’individualisme, au libéralisme, cette subjectivation est une juste intériorisation ou appropriation du contenu de la foi. On retrouve ici notamment la vertu de prudence qui permet de former des sujets responsables et adultes dans la foi.
La 3e part. est davantage pastorale. L’enseignement de Gabrielle Vialla, mère de famille, est très éclairant car très lucide et concret ; elle lance un appel à une appropriation personnelle de la vertu de chasteté pour mieux saisir le sens de l’état de grâce. Éduquer à la chasteté c’est revenir au mystère de l’Incarnation, valoriser la sexualité et ainsi accompagner les personnes vers plus de vie et d’unité intérieure. Un ministère de formation et d’écoute attend les chrétiens engagés.
Pour conclure, cet ouvrage collectif donne un aperçu intéressant des différentes approches de la pastorale sacramentelle. Au terme du parcours, le positionnement ou les solutions initialement énoncées ne sont pas si évidentes. Il est probable que la crise anthropologique actuelle nous oblige à élargir notre champ de réflexions et de compétences. — C.S.