Dietrich, 36 ans, tombe amoureux de Maria, 18 ans. Considérant
l'âge de D. et ses activités dangereuses, la mère de M. impose aux
«fiancés» un temps probatoire sans rencontre. Entretemps, D. est
arrêté (avril 1943). Commence alors un échange épistolaire
(jusqu'en fin 1944), dont nous avons gardé, publiées en 1992, une
soixantaine de lettres de M. et une trentaine de lettres de D. Ils
se connaissent peu (le courrier est censuré; un gardien est présent
lors des visites, une vingtaine, au parloir de la prison…), mais
seul importe le «miracle» de leur amour: «la pensée bouleversante
que tu m'as choisi», écrit D., qui se croit indigne. M., qui
prépare son trousseau, lui envoie des lettres enjouées qui
reflètent la vie de l'aristocratie terrienne de Poméranie. Au fil
des mois, elle prend de l'assurance; elle professe aimer Rilke (que
D. apprécie moins), elle affirme (contre D.) que l'amitié est
possible entre parents et enfants… Les lettres de D., plus ternes
mais réconfortantes (bénédiction et providence, forces
bienveillantes, Dieu dans le quotidien…) évitent toute allusion à
ses travaux («J'ai de nouveau beaucoup lu et écrit»), et parfois
même à sa personne («Épargne-moi de parler de moi-même»). Un index
et la numérotation des lettres faciliteraient l'étude comparative
et chronologique des documents. Le lecteur appréciera que D. ait
écrit le même jour, 27 juin 1944, à sa fiancée, qui lui a demandé
un temps de solitude, une lettre émouvante, éminemment
personnelle…, et, à E. Bethge (voir Résistance et
Soumission), une discussion théologique. - P. Detienne, S.J.