Lo scisma tra Roma e Constantinopoli, intr. A. Rigo, tr. E. Cosentino e R. Larini

Jean Meyendorff
History - reviewer : Bruno Clarot s.j.
J. Meyendorff (1926-1992) fut un des bons théologiens russes en Occident et un pionnier de l'oecuménisme. Né près de Paris, de parents russes orthodoxes émigrés, il s'est formé à l'Institut Saint-Serge de Paris et à la Sorbonne, puis passa à New York où il enseigna au Séminaire Saint-Vladimir et dans plusieurs Universités américaines. Il fit partie de groupes oecuméniques internationaux et fonda en 52 la Fédération mondiale des jeunesses orthodoxes. Avec Lossky, Florovsky et Evdokimov, il favorisa le retour aux Pères grecs de l'Église et aux théologiens qui leur succédèrent, surtout Grégoire Palamas (1296-1359), explique A. Rigo.
L'A. s'intéresse particulièrement aux motifs de la séparation d'avec Rome. Avec d'autres théologiens orthodoxes, il estime qu'elle fut le résultat d'un éloignement progressif entre les deux Églises devenues de plus en plus étrangères l'une à l'autre et tenant de moins en moins compte de l'Église-soeur. Il fait remonter la source de cette situation au concile de Chalcédoine en 451, qui officialisa l'existence des deux «Romes», avec des privilèges égaux, même si Constatinople concédait à Rome une «primauté d'honneur». Rome réagit en insistant sur son «apostolicité» (fondation par un Apôtre) qui aurait justifié sa primauté. Mais pareil principe n'avait aucune valeur en Orient où tant d'Églises avaient été fondées par des Apôtres. Le «décret de Gélase» (492) répondit à cette objection en basant le primat romain sur la succession apostolique et sur la parole de Jésus à Pierre: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église» (Mt 16). Avec saint Cyprien, l'Orient répondit que cette parole valait pour les apôtre en bloc et donc pour tous les évêques (et le Père Congar est d'accord sur ce point). C'est à partir de ces bases que les deux Églises vont diverger, ne plus se comprendre et que le schisme est en route.
Meyendorff étudie alors le parcours ultérieur des deux Églises: la théologie monastique byzantine avec l'hésychasme de Grégoire de Palamas face à la scolastique et au thomisme; puis la théologie et l'idéologie impériales de Byzance aux XIe-XIIIe siècles et leurs rapports avec l'Occident; et plus particulièrement la théologie orientale du XIIIe s. face aux Universités et aux nouveaux Ordres religieux mendiants de l'Occident. Des deux côtés, on se sent de plus en plus étrangers l'un à l'autre et de façon irrémédiable. L'Orient tenta bien des rapprochements pour obtenir le secours de l'Occident contre l'avancée des Turcs, d'abord à Lyon (1274), puis à Florence (1439); mais on agit de façon maladroite et sans lendemain (probablement parce que l'Occident se trouvait en position de force et imposait ses vues).
Pour finir, Meyendorff se pose des questions pratiques pour notre temps. Selon lui, nous sommes aujourd'hui plus proches les uns des autres qu'en 1439 à Florence, car des deux côtés, beaucoup d'hommes ont soif d'unité et cherchent à mieux comprendre l'autre Église, si bien qu'un vrai dialogue est devenu possible. Mais les connaissances ne suffisent pas, car il y faut aussi la volonté de trouver des bases de rapprochement et construire une théologie de l'unité chrétienne.
Cette position vaut la peine d'être étudiée par nous, occidentaux, si nous avons à coeur l'unité des chrétiens pour laquelle Jésus a prié avant de mourir. - B. Clarot sj

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