Spiridon (1875-1930) naquit dans une famille de pauvres paysans de
la région de Zadonsk; tout jeune, il fit preuve d'une profonde
sensibilité humaine et d'un attrait très marqué pour le religieux.
Au terme de bien des péripéties, notamment un séjour au Mont Athos,
il devint aumônier dans un bagne de Sibérie où il découvrit de
nombreux personnages pas tous très recommandables et, durant la
Grande guerre, il fut aumônier militaire. Dans une première partie,
«Mes missions en Sibérie», il relate ses souvenirs relatifs à des
rencontres avec des prisonniers - parfois même des non chrétiens -
qui se confièrent à lui et qui, en dépit d'un lourd passé, finirent
souvent par retrouver le chemin de Dieu et la paix intérieure. «Les
confessions d'un prêtre devant l'Église», qui occupent la seconde
partie du volume, livrent ses réflexions sur ses propres
expériences et sur l'Église en général qui, à ses yeux, s'est par
bien des côtés éloignée de l'idéal évangélique, une situation qui
exigerait de sa part un retour aux sources car sa présence au
milieu du monde est indispensable.Le lecteur sera sans doute
déconcerté par les témoignages et réflexions de Spiridon (qui n'est
d'ailleurs pas sans rappeler un François d'Assise): la spiritualité
orientale n'emprunte pas les mêmes expressions que celle de
l'Occident latin et certaines prises de position de l'A. peuvent
surprendre, notamment son propos de respecter toutes les religions,
sorte de prémices au dialogue interreligieux contemporain, et sa
suggestion d'avoir des prêtres-ouvriers. Une telle lecture peut
précisément ouvrir à cette spiritualité tout autant que faire
réfléchir sur des questions actuelles. - B. Joassart sj