Cornelis Bennema, exégète pentecôtiste américain, est un chercheurs anglophone particulièrement stimulant. La question éthique dans la littérature johannique, après avoir été un parent pauvre, connaît de nos jours un regain d’intérêt, comme le montre l’état des lieux du premier chapitre.

L’étude elle-même commence par une caractérisation de la mimesis comme intentionnelle, exemplative, perceptible à travers des actes et tendant à une transformation morale de ses destinataires. S’ensuivent une étude et une classification des expressions mimétiques de l’évangile et de la première épître, mettant en lumière l’importance du kathôs et des expressions similaires. Ce travail permet à l’A. de relever une double mimesis : l’une engageant le rapport entre le croyant et Dieu (Jésus) ; l’autre, la relation même du Père et du Fils. Tel sera l’objet des chapitres 3 et 4.

Dans son étude, l’A. accorde, évidemment, une place prépondérante à l’hupodeigma du lavement des pieds. La réitération vise-t-elle simplement une imitation matérielle du geste du Christ par les disciples ? Il s’agit bien plus, pour notre A., d’une créativité croyante dont l’acte du Christ n’est pas seulement le modèle, mais réellement la base. C’est sur ce fondement que se construit la familiarité du croyant avec Dieu dont les caractéristiques sont vie, lumière, vérité, amour et honneur.

La mimesis est, pour l’A., un processus cognitif et créatif qui a une caractéristique essentiellement relationnelle, volontaire et visible. Il ne s’agit pas seulement de montrer une action, mais d’engendrer par là un être nouveau, car l’action de Dieu (et du croyant) a sa source dans son être même qui se manifeste à travers son agir.

Pour comprendre comment l’amour du Christ, par la mimesis, est à la source de l’agir du croyant comme familier de Dieu, l’A. développe l’idée d’une double responsabilisation (empowerment) : mimétique et mémorielle. Il montre ainsi que l’agir chrétien est inséparable de la mémoire personnelle et communautaire de la communauté croyante. Ici, l’Esprit Saint joue donc un rôle capital.

Un ouvrage simple, précis et stimulant qui s’inscrit dans la lignée de la recherche actuelle non seulement sur l’éthique, mais sur la mémoire sociale appliquée à l’évangile de Jean. — G. de Longcamp c.s.j.