Mon Journal du Concile, I (1960-1963) et II (1964-1966), prés. Ér. Mahieu, avant-propos D. Congar, préf. B. Dupuy, O.P.

Y. Congar
History - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Appelé comme expert au concile Vatican II, où il joua un rôle de premier plan, Y.C. tint, dès le mois de juillet 1960, un journal. Il en avait fait réaliser trois copies dactylographiées, mais avait demandé qu'il ne soit pas publié avant l'an 2000.
Disons-le d'emblée: on retrouvera au fil de la lecture les mêmes traits de caractère du dominicain tels qu'ils s'exprimaient déjà dans le «Journal d'un théologien», publié par Étienne Fouilloux en 2000 (cf. NRT 123 [2001] 288). L'homme n'était pas d'un tempérament facile, et ses appréciations des personnes et de leur travail ne sont généralement pas des pièces de dentelle. Mais, malgré ce qui tourne parfois au jeu de massacre, on ne peut manquer d'être impressionné par l'attitude de fond de C.: alors que la maladie l'assaille, sans d'ailleurs qu'il en connaisse la nature, au point de le laisser bien souvent sans force, tandis que se multiplient les prestations en marge du concile, et sans compter le travail normal, sa participation au concile apparaît comme un acte de service, comme un acte de «piété» pour l'Évangile et l'Église. N'a-t-il d'ailleurs pas mis en exergue: «Je marche pour que l'Église avance»? Encore ne faudrait-il pas croire que Congar ne fit que critiquer. Entre autres, on rencontre à plusieurs reprises l'expression d'une estime peu commune à l'égard de participants belges, particulièrement l'évêque de Namur, Mgr Charue, les théologiens Philips, Moeller, Thils, Prignon, qui devinrent pour lui de véritables amis et qui déployèrent une activité telle qu'on se rappelle la formule selon laquelle Vatican II fut Louvain I (cf. les 4 pages qu'il consacre, le 13 mars 1964, à faire l'éloge des participants belges).
Autre constatation que l'on savait certes déjà, mais qui apparaît ici sur le vif: le concile fut une affaire complexe. Les questions abordées étaient difficiles. Le travail des participants ne le fut pas moins. Et, d'un bout à l'autre, le concile ne vécut pas une belle unanimité comme au jour de la première Pentecôte, même si Jean XXIII avait souhaité que le concile en fut une nouvelle. Et on ne peut s'empêcher de souligner qu'aux yeux de Congar - et dans les faits (même s'il conviendrait d'ajouter quelques bémols) -, la curie romaine, ou du moins certains de ses membres les plus influents, s'employa activement à imposer ses propres vues, et s'acharna à maintenir son pouvoir.
Il ne faudrait pas non plus oublier que ce journal n'est qu'un témoignage parmi d'autres, ni le considérer comme une histoire du concile: il s'agira d'ailleurs maintenant de le scruter avec attention.
La consultation, malheureusement, ne sera pas toujours aisée, notamment du fait de l'annotation qui s'avère décevante. Le journal représente une masse importante: plus de 1100 pages imprimées. Plusieurs annexes aideront le lecteur, entre autres les deux index, le premier consacré aux Pères conciliaires, le second aux autres personnages. Mais on a le sentiment que l'éditeur ne s'est pas rendu compte que pour beaucoup, Vatican II est de l'histoire ancienne et que, même si l'on est quelque peu familier avec l'événement, tous les personnages ne sont pas ou peu connus… Même la «mini» (au sens strict du terme) indication biographique à la première occurrence de chaque personnage n'éclaire guère On ne peut que regretter le fait et souhaiter un 3e volume qui comblerait cette lacune. - B. Joassart, S.J.

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