Une familiarité qui trouvera de nombreux terrains d'application. On connaît les différentes «carrières» de Newman dans l'enseignement universitaire à Oxford et à Dublin, la création de l'Oratoire en Angleterre, la pastorale directe. Mais il ne faut pas oublier son rôle d'intellectuel, qui ne fut pas celui d'un «chercheur» à proprement parler, non moins que son talent d'écrivain et d'épistolier qui l'amenait à exprimer cette familiarité avec Dieu et à engager ses correspondants dans une même voie. À travers tout cela, on perçoit tout le pragmatisme anglais, si différent du tempérament latin ou de la tournure d'esprit germanique.
Encore ne faut-il pas gommer les aspects moins édifiants de l'homme, en particulier une naïveté et un entêtement trop prononcés à leurs heures, défauts qui, fort heureusement, ne le submergèrent jamais.
Certes, cet ouvrage ne remplacera pas la magistrale biographie de Ian Ker, publiée en 1988 - ce n'était d'ailleurs pas le but de l'A. -, mais, même si de loin en loin le lecteur sera peut-être sensible à quelques brefs élans hagiographiques (l'A. n'a d'ailleurs nulle honte de dire son admiration pour N.), on gagnera grandement à lire ce livre. Car en définitive, on rencontre un homme qui eut le privilège de pouvoir allier avec grand art douceur et fermeté, chez qui intelligence et foi marchaient en excellente harmonie et d'un bon pas, sans trop s'embarrasser de distinctions byzantines, tout en faisant preuve d'une finesse peu commune. - B. Joassart, S.J.