Le volume II des OEuvres complètes de Bérulle comporte un
tome unique. Il est constitué d'une série de courts traités, tels
le bref discours de l'abnégation intérieure, le traité des
énergumènes, trois discours et d'autres, oeuvres de controverse. On
sait l'importance du bref discours publié sans son nom d'auteur ni
d'éditeur en 1597, réédité en 1599 et encore en 1624, avant d'être
repris dans les oeuvres complètes de 1644. C'est le texte de 1597
qui a été repris. Il consiste dans une adaptation en français de
l'Abrégé de la perfection chrétienne d'Isabelle Bellinzaga, la
«Dame milanaise». Fidèle à son modèle, elle n'en contient pas moins
quelques traits personnels. L'horizon, dominé par la pensée de
Gabriel Biel, met l'accent sur la volonté et la liberté de Dieu.
Cette volonté est Dieu même, comme le disait Benoît de Canfield.
L'union à Dieu sera donc essentiellement renoncement à la volonté
propre et acceptation de la volonté divine.
Vision en Dieu et non considération de l'humanité de Jésus, ce
texte se situe à la première étape d'une évolution spirituelle que
l'on comprend beaucoup mieux aujourd'hui grâce au progrès des
études bérulliennes. Il faut toutefois remarquer que la profondeur
du texte, surprenante pour un auteur de 22 ans, ne peut s'expliquer
que par de probables additions de son directeur, le chartreux
Beaucousin. - H. Jacobs, S.J.