Un recueil d'une quinzaine de textes, extraits du Liber ambiguorum
et des Quaestiones ad Thalassium, dans lesquels Maxime le
Confesseur (580-662) exprime le christocentrisme de sa théologie
cosmique: les deux 'économies' création-déification et, après la
chute, intervention-rédemption se rencontrent dans le mystère de
Jésus-Christ. Le Liber Ambiguorum (un ouvrage de Quaestiones et
Responsa) répond aux objections que peuvent soulever certains
textes de Grégoire de Nazianze. Ainsi, dans son élucidation de
l'affirmation grégorienne «Nous, qui sommes une portion de Dieu,
sommes tombés de haut», Maxime réfute le thème d'Origène
stasis-kinèsis-genesis (le repos en Dieu des âmes préexistantes,
leur fuite en un mouvement centrifuge, leur chute dans les corps,
qui constitue leur création) et le transforme en
genesis-kinèsis-stasis (la création de l'être humain composé corps
et d'âme, son mouvement vers le Bien, son repos en Dieu); ce sont
les logoi de notre être qui préexistent en Dieu. Ses Quaestiones ad
Thalassium sont autant d'explications théologiques et pratiques par
lesquelles Maxime répond aux questions soulevées par les apories
scripturaires que lui adresse, au nom de ses moines, l'higoumène
Thalassius. Il y développe les multiples sens du texte biblique…
tout en évoquant, à la manière des Alexandrins, les obstacles
(scandala) que l'Esprit Saint a insérés dans l'Écriture pour nous
inciter à approfondir les mystères. Un dernier texte, extrait des
Opuscula theologica et polemica, évoque, dans le mystère de
Gethsémani, les deux volontés du Christ, qui est de (ek) deux
natures, qui est dans deux natures, qui est deux natures. Les
traductions (à l'exception de celle du long et important Ambiguum 7
que nous devons à R.L.Wilken), ont été rédigées par P.M. Blowers.
Nous lui devons aussi une riche introduction, qui conclut sur
l'accord de Maxime avec Grégoire de Nysse: même dans l'autre monde,
la déification sera un repos toujours en marche (stasis
aeikinêtos), ou, paradoxalement, un éternel mouvement identique
stationnaire (stasimos tautokinêsia). - P. Detienne, S.J.
