Orthodoxy in Conversation. Orthodox Ecumenical Engagements
Em. ClapsisŒcumenism - reviewer : Paul Lebeau s.j.
En développant ces thèmes, l'A. rend à ses collègues occidentaux le service de leur révéler, par d'abondantes citations, que la théologie orthodoxe actuelle est loin d'être monolithique, et qu'elle sait faire preuve, à l'occasion, d'audace et de propositions oecuméniquement novatrices, tout en restant fidèle aux sources les plus authentiques de la tradition dont elle procède. Avec le P. Florovsky, il estime que «le territoire mystique de l'Église est plus vaste que ses frontières canoniques». En faisant écho au Métropolite Damaskinos de Suisse, il invite des Églises orthodoxes à «réévaluer leurs relations avec les autres Églises», et à reconnaître que tous les baptisés qui confessent Jésus Christ comme Seigneur et Sauveur sont membres de l'Église. Cette reconnaissance que l'Esprit de Dieu est à l'oeuvre dans les autres Églises chrétiennes implique, conclut l'A., qu'«aujourd'hui les Églises rassemblées dans le mouvement oecuménique acceptent le défi de repenser et de réinterpréter la Tradition (et les traditions) en dialogue les unes avec les autres» (p. 11).
Notons encore cette observation qui n'est pas sans rapport avec l'espérance d'un partage mutuel de l'Eucharistie: «Selon les théologiens orthodoxes, l'Église persévère dans la vérité et devient médiatrice de la présence de Dieu dans le monde avant tout par la célébration de l'eucharistie, par laquelle l'eschaton est rendu présent. Le langage et les textes écrits ne peuvent à eux seuls, indépendamment de la communauté (eucharistique), exprimer la totalité de l'expérience ecclésiale de la vérité apostolique» (p. 13). La réflexion de l'A. sur la succession apostolique ne mérite pas moins de retenir l'intérêt. Il se déclare en effet d'accord avec J. Zizioulas lorsque celui-ci, prenant distance avec la conception simpliste d'une succession linéaire ininterrompue, constate que, «selon la conception catholique de l'Église, le ministère épiscopal, plutôt que d'être transmis historiquement, est iconiquement authentifié dans la célébration eucharistique. L'intention qui en est la première justification est celle d'affirmer la continuité de l'Église avec les événements salvifiques qui constituent le fondement de la mission de l'Église dans le monde». Cela signifie, selon Zizioulas, que non seulement l'évêque, mais aussi les presbytres et le peuple de Dieu dans son ensemble, unis dans la célébration eucharistique, sont les successeurs légitimes de l'Église apostolique» (p. 74).
À cet égard, constate l'A., et en contraste avec la tradition patristique comme avec l'évolution positive de l'Église catholique romaine depuis plus d'un demi-siècle, «le ministère du laïcat demeure un sérieux problème ecclésiologique pour l'Église orthodoxe» (p. 96). Quant au chapitre consacré à la «primauté papale», il constitue, en quelques pages, renvoyant, il est vrai, à une impressionnante et pertinente série de références, un des exposés les plus complets et les plus nuancés de cette question complexe. On ne peut qu'approuver l'A. lorsqu'il marque son accord avec un des meilleurs théologiens de son Église, le P. Alexandre Schmemann: «Il est urgent de clarifier théologiquement la nature et la fonction de toutes les formes de primauté, et le concept même de celle-ci». Et une telle clarification s'impose dans l'Église orthodoxe aussi bien que dans l'Église catholique romaine (p. 106). On ne peut que remercier l'A. d'y avoir contribué dans ce livre de façon significative. - P. Lebeau, S.J.