Passivo e/o attivo. L'enigma dell'umano tra Lévinas e Ricoeur

L. Margaria
La philosophie classique traite du principe premier en clef d'acte, d'effort, de conatus. Mais cette origine ne serait-elle pas trop puissante? À l'acte de l'origine correspondrait la passivité de l'originé; plus l'origine serait puissante, plus l'originé devrait s'en rendre passif. Mais le thème de la passivité, très important dans la philosophie contemporaine, ne vient-il pas en fait nuancer ces vues sur l'originaire? En réalité, la thèse de la passivité ne s'oppose pas à la thèse de l'acte originaire, mais elle le corrige, le complète. Que serait en effet un acte qui n'aurait aucune possibilité d'être reçu? La passivité de l'originé est donc nécessairement aussi originaire que l'activité de l'originant - elle la conditionne. Cette articulation est déjà ancienne dans la philosophie française. C'est elle que l'A. examine successivement chez Lévinas et Ricoeur, en mettant en relief leurs points communs et les raisons de leurs différences et même de leurs oppositions.
L'ouvrage suit pas à pas l'évolution de Lévinas. Celui-ci souligne tout d'abord l'énergie propre à la subjectivité. Puis, vers les années de Totalité et infini, il porte l'accent sur les valeurs d'extériorité d'autrui; celui-ci n'est pas à traiter comme une pure 'chose', car il dynamise l'affectivité, les besoins et, plus radicalement, les désirs de celui qui fait alliance avec lui. Enfin, dans Autrement qu'être, Lévinas insiste sur une passivité encore plus absolue, sans conditions, celle de celui qui, pour se mettre en juste relation avec autrui, s'en fera l'otage. Mais une telle situation n'exige-t-elle pas une certaine inconscience, et donc l'abandon complet de l'essence moderne de la subjectivité?
Chez Ricoeur, la passivité ne devient pas aussi coûteuse; entre moi et autrui, il y a le 'soi'; celui-ci n'est certes jamais immédiatement présent à 'soi', mais il n'empêche qu'il médiatise les interlocuteurs en sorte que le 'moi' maintienne en 'soi' un conatus ou une force qui l'empêche d'être uniquement subjugué par autrui. Toute l'oeuvre de Ricoeur se manifeste d'ailleurs comme une recherche soutenue, têtue, des médiations qui donnent du champ à l'énergie du 'soi'. L'ouvrage montre ainsi, avec précision, combien Lévinas et Ricoeur se situent aux antipodes l'un de l'autre. L'A. ne manque pas cependant de manifester sa faveur à la radicalité de Lévinas plutôt qu'aux recherches réconciliatrices et apaisantes de Ricoeur. - P. Gilbert sj

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