Théologien allemand émérite, Jürgen Werbick (1946-) a écrit tant en théologie dogmatique et fondamentale qu’en théologie pratique. Le thème abordé est ici clairement pastoral : l’anxiété. Titre et sous-titre allemands disent mieux l’objet et la perspective, voire le chemin : Contrecarrer l’angoisse. Encouragement à la foi. L’A. part du signe même de l’angoisse : couper le souffle (chap. 2). Puis, il parcourt les différentes craintes actuelles : l’apocalypse (chap. 3), la violence et le terrorisme (chap. 4), la culpabilité (chap. 5), l’avenir (chap. 6). Il en sonde la conséquence qu’est le désespoir (chap. 7) et une cause : la perte de la résonance, entendue dans le sens que lui donne Harmut Rosa, à savoir la mise en lien (chap. 8). En fait, dans chaque chapitre, l’A. montre combien la foi propose ce qu’il appelle des « contre-expériences » qui permettent de surmonter la peur sans la refouler. Il affronte alors dans un chapitre à part la peur de croire (chap. 9) et surtout, dans un ultime développement, il propose un chemin pascal pour traverser la peur (chap. 10) : de la politique de la peur (dimanche des Rameaux) à la Pâques quotidienne (lundi de Pâques), en passant par l’insupportable supporté par Dieu même (Vendredi saint) et le mystère du clair-obscur humain (la nuit de Pâques).

Les fidèles et les pasteurs trouveront bien des analyses et des indications concrètes pour une pastorale de la traversée de nos peurs. Si certains seront agacés par la rhétorique facile anti-identitaire, d’autres le seront par un agencement assez flou. Demeure une mise en valeur de la puissance transformante du christianisme, particulièrement bienvenue en cette période où tant de peurs nous assaillent. — P. Ide