L'ouvrage d'Y.Ch. est une expression de plus de l'intérêt porté actuellement à la personnalité et à l'action des papes contemporains, dont aucun ne laisse indifférent parce que tous furent confrontés à des réalités complexes et souvent dramatiques. Pie XI ne fait pas exception: il eut entre autres à gérer l'après-guerre, Benoît XV étant mort en quelque sorte prématurément, et l'émergence ainsi que les premiers déchaînements des totalitarismes contemporains.
La chronologie de la carrière d'Achille Ratti, avant son pontificat comme durant celui-ci, est somme toute assez bien connue; mieux vaut sans doute s'interroger sur l'image que l'A. donne du pape. Disons d'emblée que Y.Ch. éprouve une grande admiration pour Pie XI. On ne saurait certes le lui reprocher, car Pie XI prit toutes ses tâches avec sérieux et avec la volonté très nette de proclamer la foi catholique dans son intégralité et de la faire respecter. Il me semble que le portrait que trace Y.Ch. est celui d'un intellectuel et d'un théologien. Certes tout paraissait indiquer que Ratti serait un chercheur - et avant tout un historien -, notamment avec son intégration dans le personnel de la prestigieuse bibliothèque ambrosienne de Milan puis son transfert à la bibliothèque Vaticane, jusqu'au jour où il fut envoyé en Pologne avant d'être placé à la tête de l'archevêché de Milan, quelques mois avant son élection au trône de Pierre. De là à le considérer comme un théologien et un intellectuel, il y a peut-être un pas qu'il ne faudrait pas trop vite franchir. En tout cas, dans l'affaire du modernisme, qui n'était nullement résolue en dépit de la condamnation par Pie X qui pouvait faire croire qu'il était définitivement mort, il ne voulut jamais intervenir, sauf à réitérer les prises de position de son prédécesseur, comme si le dogme catholique était chose intangible qui ne soulevait jamais de problème. Je me demande s'il n'aurait pas fallu insister plus sur le caractère pragmatique du pape, ainsi qu'en témoigne sa manie du concordat, ce qui certes ne diminuait pas sa lucidité qui l'amenait à saisir les failles de ses interlocuteurs et à les dénoncer vigoureusement.
L'ouvrage me paraît intéressant sur un autre plan. On parle très souvent de «mondialisation» ou de «globalisation» du monde actuel, oubliant un peu trop facilement que ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui et a commencé il y a déjà bien longtemps. À sa manière, Pie XI a «pressenti» l'élargissement du monde tel que nous le connaissons. - B. Joassart, S.J.

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