Réparer la maison de Dieu. Pour la communion dans l’Église

Noël Ruffieux
Theology - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Noël Ruffieux est un laïc, entré dans l’Église orthodoxe en 1981, après un long cheminement intellectuel et spirituel. Son parcours lui donne un double enracinement particulièrement riche : il est fervent partisan de l’œcuménisme et viscéralement attaché à la réalité paroissiale. Tout au long des pages, il ose interroger, avec « indignation », certaines pratiques et conceptions ecclésiastiques, mais pour mieux retrouver le fondement qui permet à l’Église de répondre fidèlement à sa mission.

Mais on ne peut penser une réforme-réparation de l’Église sans une véritable conversion qui demande de faire « tomber les masques » ce qui signifie pour l’A. abandonner nos certitudes ecclésiastiques pour retrouver la présence de Dieu dans l’intériorité et le sacrement du frère qui seuls permettent une authentique communion à la table du Seigneur. Seul ce retour à l’essentiel nous permet d’entendre le désarroi du peuple de Dieu et d’entrer dans une dynamique de reconstruction de l’Église qui ne soit pas un simple ravalement de façade : « l’Église n’est pas à inventer, mais à retrouver » (p. 113).

Le lecteur ne perçoit que lentement que l’A. ne quitte jamais son sujet des yeux, même s’il paraît tarder à le traiter directement. Ce n’est que pour mieux « retrouver l’Église » qu’il secoue son lecteur en tous sens, appuyé sur l’évangile, les Pères et les figures des saints. Ce n’est ainsi qu’au troisième tiers de son livre que l’A. traite directement de la « réparation des brèches ».

En quelques pages pertinentes, il cherche à « redimensionner l’Église locale » en articulant l’appel à la sainteté, le ministère épiscopal et la synodalité. Il va alors traiter deux problèmes majeurs dans l’Église actuelle que sont l’ordination d’hommes mariés et la place des femmes dans l’exercice du ministère. Mais les pierres qu’il a posées dans les chapitres précédents lui permettent de ne pas retomber dans des considérations générales et d’interroger, p. ex., sur la place de l’entourage féminin de Jésus ou l’anthropologie sous-jacente à notre conception masculine du ministère. S’il n’apporte pas de réponse, l’A. permet au moins de nourrir une réflexion.

Ce n’est que dans son dernier chapitre, « plaidoyer pour la paroisse » que l’A. traite de ce qui lui tient le plus à cœur : la place de la paroisse dans le processus de reconstruction de l’Église. Notons, parmi d’autres suggestions intéressantes que paroikeô signifie étymologiquement être voisin. Tel est bien un des défis majeurs de nos paroisses : transformer l’éclatement des vies dans nos sociétés contemporaines en une proximité fraternelle.

Sans chercher à donner des solutions faciles, s’appuyant sur l’expérience et la richesse ecclésiale de son A., ce petit livre donne à penser. — G.d.L.

newsletter


the journal


NRT is a quarterly journal published by a group of Theology professors, under the supervision of the Society of Jesus in Brussels.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgium
Tél. +32 (0)2 739 34 80